jeudi 17 septembre 2015

Cézembre blanche sur le Japon

421_ Peinture de Armand Gauthier


Réunir un nouvel équipage pour l'Orient
ramender les filets, recoudre les voiles au Dacron
repartir pour le Japon
porion des houillères
jaunies par tant de croisières
fuck me, recouvrir de peinture l'avion s'armoriant
Se réencre le petit matin du jeudi 17 septembre, l'œil levant, paupières aspirant les sucres de la lumière, cela devait suffisamment contribuer à le rebuter comme ça, le jour du départ s'annonçait pour le vingt, un dimanche plein quelle idée, un truc pour donner l'envie d'arrêter de respirer au patient d'un médecin de campagne russe, entre le blanc du sommeil et le jaune du réveil, albumines super glyquées de l'éveil et résidus du vitellus, plage de la rêverie, en livrée de combat sous la cuticule de leur coquille, dans la chambre à air, il eut la vision d'une double flamme blanche, champ du repos dévasté par la tranche, il pouvait lire dans son demi-rêve comme en un livre ouvert, deux femmes tubées de vif argent des pieds à la cornette, filles de la Charité, soeurs de Saint Vincent ou nonnes bouddhistes de Ryôan-ji peut-être, méninges en hiver, qu'en savait-il, squelette de la nuit qui ne l'habitait plus depuis longtemps, ni trop abîmé de fatigue ni de dormition assez ivre pour distinguer quoi que ce fût de ce délicat bunraku suspendu flottant sa manche de vair, elles avançaient sur le bord gauche de l'image mentale, à la rive du lac d'un bois de Boulogne, froides comme un foulard de soie grège au mois de novembre s'envolant dans le thal, mains et gorges trop serrées pour jouer du koto autour du cou des grues et des cigognes, près le gouffre du yujo kabuki des hypoyhétiques prostituées de la rue du Bac, Sagawa Issei devait en connaître bibliquement plus d'une, en rêve ou pour de vrai dans ses fantasmes réussis d'exquis petit salopiaud revenu de la Fac encore plus malin. Il y avait une tête rassurante dans la partie droite pourtant, celle d'un acteur de films de samouraïs ou peut-être le visage d'un peintre célèbre de l'Ukiyo qui lui faisait dire que ce n'était pas la bouffée d'une incompressible peur qui transpirait à l'alvéole du lendemain. Pourquoi pensait-il à l'affreux masque assassin du 11 juin 1980, coulé dans des résines qui fréquentent habituellement les moules jusqu'aux plus inavouables confins, contours amiboïdes sans retour possible vers l'humain ?
Polir la bigue
remonter les mâts
frotter les lattes du pont qui les irriguent
Recueilli il faut que j'aille faire mon récollet de cinéma
Long ennui profond d'un retour vers le Japon
Transfinir en continu comme un Cavaillès au château brillant
laisser les gars de l'
Anâtman rissoler dans les donjons priant
pour un aller-simple vers la Terre Pure à la porte du Shingon
Saluer quand même Nishida, Tanabe
et Nishitani sous le camphier
Kôbô-Daishi
Excusez-moi, mais on me retrouva noyé au lac Biwa
Laisser derrière lui des personnes qu'il aime, sa mémoire vacille, comment va-t-elle faire sans lui ? Des relais, des appuis, certes, Nihonbashi vers sa mère, pont sacré que l'on leste d'une lourde quille, qui peut dire si la mort n'en profitera pas pour mordre dans la chair couleur crème de sa vie ? Observer surgir derrière lui un Sagawa à la moelle de shakespearien s'épanchant désirs et salive de revoir Renoir dans ses toiles jusqu'à la folie. Pourquoi ce rappel laissant passer le jour à la fente de ses écoutilles ? Souvenirs de Lecter, relecture d'avenirs ? Morsures sur l'ApfelLe Géant dévoreur, le Vieux Puits Moussu de la Maison de Kamakura, l'Issei du brouillard parisien lui revient dans la figure par le bruit de la pluie s'allongeant en pente faible sur les toits de plomb ou de zinc, au creux du boyau des gouttières de la remembrance sans charpente, à cause de la vision la veille d'une émission sur la Rance où l'on voyait la propriétaire de l'île Cézembre tirer l'eau potable d'un puits cerné par le lierre sauvage et les chardons bien qu'il fût filtré par les hiers toujours actifs des charbons. Bretagne des ultrasons au revers des Kouriles, larmier des ombres charnières et frissons de l'Edo à l'Hokkaido, oriental répons sur la Segisama Briga
Fuir instantanément par un pan de l'aorte au coeur du Japon des sujets
Croire aux bienfaits du battement d'ailes de l'internet des objets
Voir les Otakus rendus osmotiques
enfin solubles et buvables dans les eaux douces de la micro-entreprise
Renversée respiration de la loi salique
Retrouvée Chanson d'Aiquin
déchaussée magnifique
nue lissée des iambes
dans le couvent des franciscains
Fourbir l'épée qui réveillera le dragon du temple des mousses de son abyssal repos démographique
S'enfourner les obits de l'antimoine dans les gousses de deux valises
Dieu que les cheveux, yeux glissés et pâles les jambes,
de la femme japonaise sont beaux dans les miroirs et les rejets
--
indult et rescrit de la justice par éclats n'y pourront changer rien --
voler vers Kyoto en compagnie de Renée H. et Fred Exley. 

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