The Drogman

The Drogman's Contract. Des poèmes, la plupart du temps laissés en l'état à l'étrange initiative de leurs auteurs, traduits pourtant en français, au moins en grande partie dans le respect de cette langue espérait-il, par Hübert Perseault - 1970 - 🔇 2025

[... so obsolete and so stale that it’s not a question of getting translators in Yiddish, but really that we have very little to translate. Isaac Bashevis Singer.

    (Résumé de H. Perseault :

    [Hübert Perseault, ou encore Uber Persaut, selon les graphies mobiles modernes et les pays fluctuants anciens, descendant direct via les fermes générales de l'axiome d'Étienne de Silhouette, qui transcoda Pope, est un traducteur non-professionnel par accident, occasionnel par défaut de la substance, souvent fiévreux, amoureux des langues étranges depuis sa tendre enfance, reconnu pour enfoncer sa glosse de diptère entre les fissures du dernier cadavre de poème se croyant à l'abri derrière la dune solitaire d'une baule abandonnée. Plaisamment sidéré par l'humilité familière aux translateurs opaques, ces remarquables étoiles chaudes de la spécialité (des sortes de Mézonges dont Michel Seuphor décrivit les ombres dans son radical et livide Le Visage De Senlis - livre menaçant comme le miroir), à l'abri dans leur moule de gaz antiques ou contemporains - voilés derrière l'émittance du corps de leurs sentences noires, consolateurs furtifs de la parole éloignée, des expressions brûlées les discrets guérisseurs mangeurs de feu, rarement avares de superfluité lorsqu'il s'agissait d'exposer les saccades de leurs palpes et le délayage de leurs tissus salivaires interprétatifs à l'air libre du logos -, avec une frénésie toute booléienne, il eut avant de mourir temps de polir sa petite magnétosphère, bouclier contre les rafales de plasma qui cherchaient à plaquer leur masque de transcription sur le visage, visible ou nébuleux, des mots. Parce qu'il ne cachait rien de se savoir pénétré de la force d'être particulière à l'hérédité des lamellirostres de la métaphrase, souvent il consentit revenir à certains commentateurs perspicaces de signaler qu'il n'hésitait pas à sortir de son antre buccal l'organe-verbe copulateur lorsqu'il fallait marier l'esprit d'invention à la lettre analogue. From breakfast till midnight supper the closing bracket of the words's stage or landscape on their syntactic playground shall be kept clear.



Le mot originel sous l'haleine du traducteur


                                                 *



Сонет
        Мы снова проживаем у залива,
        и проплывают облака над нами,
        и современный тарахтит Везувий,
        и оседает пыль по переулкам,
        и стекла переулков дребезжат.
        Когда-нибудь и нас засыпет пепел.
        Так я хотел бы в этот бедный час
        приехать на окраину в трамвае,
        войти в твой дом,
        и если через сотни лет
        придет отряд раскапывать наш город,
        то я хотел бы, чтоб меня нашли
        оставшимся навек в твоих объятьях,
        засыпанного новою золой. 
(Joseph Brodsky - Стихотворения и поэмы, 1962)
        


  
           Sommes à l'aber de l'asile rebelote venus résider,
        Et prolifère la traînée des nuages au-dessus de nous,
        Voilà que souverainement synchrone tartarine le Vésuve,
        Et que le pulvérin descend de selle sur les ruelles
        Que les vitres des venelles pierreuses sans jonc de joint se mettent à vibrer.
        Lorsque l'un de ces jours nous prendrons perpète sous la pelle du poussier.
        Ainsi je voudrais, chasse-litote de cette heure débile,
        Parvenir aux confins exocrines en tramway,
        M'incruster à mon tour, t'entrevoir sous ton toit,
        Et si au bout d'une centaine d'années
        Il prend à une brigade de pionniers de fendre l'ocre carapace recouvrant les rescapés de notre ville,
        Alors je voudrais qu'ils me trouvassent
        Serti pour l'éternité dans les anneaux du liber de tes bras
        Couvert des épis et feuilles de nouvelles ailes de cendres. 
(Sonnet, 1962 - 5 février 2017. To Emma.)


                                                                                                        






        Hiérosolyme telle qu'en elle-même l'ailleurs du mot de la ville
        d'Atlantide qui s'est avachie au fond de l'âme de la mer.
        Du col jusqu'en bas englouti placenta tout vaqua. Les Eaux de la
        Jérusalem que sel démâta pas de l'échelle vissée jusqu'aux abysses
        mines des Anathemata. Depuis le fond les amines des carcasses
        saïtes parapets rongés se ravivent remontent les gravats de cultes
        aux vieilles dots, investies puis religes, les éliment comme convoi de
        navires naxiotes dolce naufragar de yachts aux abois dont nul pavois
        n'avoua la prophétie,
        marouflés de rouille érodés. N'ose rouille éludée, c'est réhaut de
        sève rouge dont lame jamais ne sécha.
        Amphores de verres à dîme recouvertes et rassasiées d'algues,
        laminaires et corallins mous monuments du temps démence à
        l'échelle de la manne du temps,
        caillebotte de pièces de monnaie mimes du roulis des jours enfouis
        dans la charpente des chais jusqu'aux abouts, avers reversés au
        passé que négociants essorèrent.
        Avalise aussi dans son bagage cernes et anneaux de souvenirs agiles
        zélés comme jeunes rires d'odes sans épodes
        souvenir d'amour aux senteurs d'irone éminents iris de la nuit
        première ibidem illico, souvenirs hors la couffe à nouveau
        manifestes
        et vifs inépuisés comme drague de jolis poissons qui s'alimentent au
        bréchet des rets, et se dandinent en tous sens s'agitent.
        Venez, or de la boue, réintroduisons-les dans cette Yéroushalaïm interne !
(Yehuda Amichaï - patua'ch sagur patua'ch, 1998 - Traduction : Hübert Perseault, il y a dix ans.)

*



Intermission.  
(…) les romantiques ne me persuadent pas – et surtout ils ne m’émeuvent pas – lorsqu’ils me parlent de sentiments ou de situations ineffables, indicibles, infinis. Ces préfixes privatifs sont seulement les signes de leur pauvreté personnelle. Ils m’affirment que tel sentiment est indicible, ils ne me le font pas sentir. 
La brise est fraîche et le ciel bleu. J’aime cette vie avec abandon et veux en parler avec liberté : elle me donne l’orgueil de ma condition d’homme. Pourtant, on me l’a souvent dit : il n’y a pas de quoi être fier. Si, il y a de quoi : ce soleil, cette mer, mon cœur bondissant de jeunesse, mon corps au goût de sel et l’immense décor où la tendresse et la gloire se rencontrent dans le jaune et le bleu. (« Noces à Tipasa », Noces.) 
L'Extrait des Noces à Tipasa n'aurait pas fait pâlir de honte ou rougir d'envie Swinburne.
Si l'on relit le long premier chapitre de Lesbia Brandon qui décrit le bain de Margaret sous les falaises de Culver, nous revivons la même fusion avec les éléments, le sel, les flots, et voyons presque les mêmes images.
À tel point que le fameux commentaire de Bachelard pourrait se retourner vers Camus, son Complexe n'ayant alors plus rien d'étranger à celui du poète victorien.
Baudelaire avait en son temps senti quelque chose, Camus le pressentit peut-être à rebours, quoi qu'il pensât, souvent les poètes n'avouent pas.
Même s'il trouva l'intelligence d'un ton, fort beau.
La solidarité des arts poétiques des uns et des autres se perçoit quelquefois accidentellement lorsque les styles de composition sont mis en présence et, dans la jubilation, qu'on leur dicte de se concurrencer.
Suffixe suprême, queue de la comète du Romantisme tellement préhensile, pour reprendre les mots d'André Breton, sans rien étiqueter freestyle, crawl ou backstroke, adjectifs perfusés jusqu'au sang du sucre, os des adverbes réduits aux tendons de leurs gestes, obscure clarté de leur maigreur musclée, Camus et Swinburne brassent la même forme des eaux. (18 janvier 2020.)


*



Georg Trakl Auf dem Mars - Im Osten, 1914, après Grodek

Im Osten 
Den wilden Orgeln des Wintersturms
Gleicht des Volkes finstrer Zorn,
Die purpurne Woge der Schlacht,
Entlaubter Sterne.
Mit zerbrochnen Brauen, silbernen Armen
Winkt sterbenden Soldaten die Nacht.
Im Schatten der herbstlichen Esche
Seufzen die Geister der Erschlagenen.
Dornige Wildnis umgürtet die Stadt.
Von blutenden Stufen jagt der Mond
Die erschrockenen Frauen.
Wilde Wölfe brachen durchs Tor.

Sur le Front Est 
Des bourrasques aux orgues de l'hiver dévalées
S'approxime la noire furia du Dèmos,
La lame écarlate de l'assaut,
À terre se défolient les étoiles.
De l'arc brisé des sourcils, ses bras de cristal,
À l'agonie des soldats par signaux se raccorde la nuit.
Dans l'ombre d'un frêne de l'arrière-saison
Les soupirs suintent des mânes de ceux qui tombèrent.
Un maquis de lande sanglée d'épines herse la ville
De leurs perrons éclaboussés de sang éjecte la lune
Les femmes en état de choc.
Des loups autrement atroces ont enfoncé ce qui tenait de porte.

2nd 
Comme vont aux orgues les trombes de l'hiver
Se plombe la sombre colère du peuple,
Le flux de laque pourpre, éclat du combat,
Délugent les Pléiades.
Sourcils tronqués, bras que peau déplatine,
La nuit tuyaute les soldats restés mourant.
A l'automnal automatisme de l'ombre d'un frêne
Soufflent, dans le noir encrevées, les âmes des hommes kaputt,
Que rien ne soulage.
Chemin de croix garni d'épines strangule la ville
Sur la dalle un chasse-marée que rougit la lune
Affole les femmes.
Une horde de loups a disloqué la porte.

Exit 
Orgues-tempêtes, fauves du coma des lanternes dépassées
Calque du peuple colère
La pulpe de sang de son flux flanque le Krach écarlate
Englaisement des étoiles sur le sol.
Sourcils cassés, bras exsangues étincelants
Lance la nuit un coup d'œil sur les soldats sidérés.
À l’ombre châtain d’un frêne du passant automne
Se résignent les esprits des presque désossés
Gaste de tant de pointes, une lande d’épines s’engorge
À la taille de la ville, troue les entrées de sa boucle.
Sur les planchers flaqués de sang la lune
Lave les femmes à cette lumière pâmées.
Sauve qui peut traqué devant les loups
qui débarquèrent par la porte. 
Non Encore 
Hauts des orgues à vents l'hiver
Colère copiée sur le peuple
La vague pourpre du heurt,
L'éjecta des supernovae.
Barre des cils broyée, la nuit les bras laiteux
Vainc à son image les soldats
Au tain de la mort soudés
Du glacis de l'ombre d'un oléacée
Suent les derniers souffles des gueules cassées.
Des épines embrassées baïonnettent la ville.
Marches injectées du sang de la lune
Les femmes glacées de rose par l'effroi.
Des loups vils ont mouché la porte.
Limit 
Hivernaux organiques organums
Peuple synchrone dont borne
L'Amertume
Ligne rouge du feu
Comme une balle de sang séché sur le territoire écarlate,
Désailées étoiles ternes.
Arcades à moitié débrochées, coudes zébrés d'une cire d'albumen
La nuit bande ses nerfs sur les corps des soldats mats.
Dans le chas d'une pénombre qui monte,
Pend aux branches d'un frêne faucheux,
S'esquivent les génies des êtres rectifiés comme des spécimens.
Une Volga d'épines s'enroule autour de la ville devenue boîte.
Seuils balayés de sang, la lune laisse pour compte
Les femmes comme un typhus sur l'Île-Molène
l'Ankou des loups fractura la porte baillée pour torne 
Noch Mal 
Orgues
Blanches et Noires
La vague pourpre du combat
Un sol d'étoiles.
Sourcils serrés, chemise isabelle des bras
L'ombre frêne de tout bois
Soupirent les âmes prises par la nuit.
Landes nomades, mânes épinières de la ville.
Suint de sang sur les marches
Lichens de l'effroi sur la peau des femmes.
Des loups les vidèrent
Après avoir éventré la porte  
Zu bluter letzt 
Hivers font sang
sur les
Orgues buvards de l'effervescence
Temps de saignement à l'ombre
du Monde
Champs contreville, cinéma nuées
des herbiers
Bracelés à la gorge des loups
Comme des coups portés à la satiété.

Weiss nicht ob 
Orgues à loupes enchaînées
Par landes noires
Cloisons mortes étanches
À l'article du cri des femmes
Courses de l'ombre aux os blancs
Que loups déboîtent.

                                                      
28 janvier 2020


*



Ossip Mandelstam, poème mis par écrit en 1934 à la Loubianka
(22 février 2020.)


Мы живем, под собою не чуя страны,
Наши речи за десять шагов не слышны,
А где хватит на полразговорца, —
Там припомнят кремлёвского горца.

Его толстые пальцы, как черви, жирны,
А слова, как пудовые гири, верны,
Тараканьи смеются усища,
И сияют его голенища.

А вокруг него сброд тонкошеих вождей,
Он играет услугами полулюдей.
Кто свистит, кто мяучит, кто хнычет,
Он один лишь бабачит и тычет.

Как подковы, кует за указом указ —
Кому в пах, кому в лоб, кому в бровь, кому в глаз.
Что ни казнь у него – то малина
И широкая грудь осетина. 


Sommes en vie, engourdi sous la terre insensible,
Le pas de nos voix ne porte à plus de dix mots audibles,
Comment se saisir ne serait-ce que d’une demi-parole, -
Alors que tout doit revenir aux oreilles du Gaspard du Kremlin,
Maître de nos noms mis sur le rôle.

Ses gros doigts poussés comme des vers, laqués de gras,
Et ses mots lourds comme la fonte, non ternis, fidèles à eux-mêmes sans embarras,
Cafards moustachés qui grouillent et nasardent dans l’air leurs railleries,
La cire au revers de ses bottes fait que leur poil resplendit.

Comme on se jette, gravite autour de lui une pègre dont les chefs
ont des cous minces en goulot de bouteille,
Il se fait un jeu des courbettes de ces presqu’humains lèche-orteils.
On en voit un qui siffle, en admire un qui piaule, miaoute,
un autre geint entre deux lichettes,
Qui mord dîne, lui seul à tu et à toi tonitrue, les attise du brandon de sa fourchette.

Comme le marteau à cheval sur le fer, l’occasion du larron forge l’oukaze -
Il rive son clou, qui vers l’aine, à l’entrejambe, le plaque au front, sur les sourcils,
Qui à l’œil, comme un acide au creux de sa base.
À son niveau, suspendre la peine capitale vaut faire une fleur - à son Nirvana
Que l’Ossète a grand cœur, devant la cage thoracique
triomphe le soupir de son concertina.

*




le 27 avril 2020


Invermezzo 
S'io m'intuassi come tu t'inmii.
Dit Dante Alighieri au Chant neuf du Paradis.
Si j'étais dans l'en-toi comme toi dans l'en-moi.
Apponte l'écho de sa nouvelle traductrice des éditions Actes sud.
Confinés dans leurs chez-eux bibliothécaires, les écrivains et leurs suiveurs traducteurs, qu'ils peuvent munis d'un récépissé envoyer promener par dérogation, se cognent quelquefois la tête en se relevant un peu vivement de leur poste de travail, effet boules de cuir reliées au poussier de la sublime neige d'intérieur, le rayon de leurs Jean Baufret leur tombe dessus comme la manne tourne-page des étourneaux épuisés qui se cachent pourtant pour nourrir de masques picoreurs de couvertures, piles et faces, leur nichée.
Ambroisies en main, elle qui fit assaut de modestie ne semblait voiler sa superbe lorsque la livrée de son vers, qu'elle ne désirait en aucun cas présenter nu, son alexandrin capable de jouer du Hammerklavier debout sur le plumier du calepin, sans parturition, doigts de pieds en éventail à l'hémistiche vivipare, était discutée par tous les oiseaux-mouches de la confrérie, luisante et gourmande, longue langue sortie du bec, comme après un accident de remontée de fermeture à glissière-éclair orale encore fumant.
Toujours digne ange dans les tangages, les remous et les lacets, presque effacée dans l'Empyrée, plumes des ailes inatteignables aux coups de griffes des filets d'air de la louange.
Si je m'étais intrus, ou même mieux si je m'intuais, en toi comme en moi tu te muas ou t'emmuas.
Par tous les Larousse de la création et les Robert de Tirésias, les lamelles blondes du toscan vulgaire, entrez dans le sens absent, antre-glosez-vous à la lumière des chandelles tapées, entreglissez-vous dans-, devinez-vous les uns les autres. Car l'on peut s'entreturer, s'entrintuer, s'instruire de l'autre, Toi, Toi, Mon Toit, Mon Tout Mon Roi, même en français, Te Séduire, T'Envahir, se muer en quelque chose, physiquement comme en esprit, les allitérations ont leurs propres clés de pénétrations dans l'immeuble du Penetralium où reposent les rossignols sauvages des cercles nocturnes, cages fracturées au milieu du ciel à l'envers  de sa banlieue qui peut faire mal.
Dante, sans nuages, je le crois, menait une guerre contre l'envahissement des voyelles dans sa langue, bataillait contre la conjonction des adverbes mercenaires oisifs, abandonnés à eux-mêmes comme Pictes entre deux Communes, pillables ou rançonnables à merci bien souvent, entre deux Cités-Ètats, retaillés errant en pleine plaine, chevalerie d'âmes en peine.
L'Occitan, comme le français d'Oïl, pressés par le beurre de leurs assonances, le ferraient mentalement depuis toujours, de l'italien lanternier, pain sans chocolat dans la fressure, ne le retenaient plus que d'originales miettes au moment de feuilleter la rédaction du Paradiso, inusables sous le couteau à facticité, sa lame dépourvue de finesse autant que d'atticisme, la pause vocalique extra-lumineuse à chaque syllabe finale sous un réverbère forgé de toutes pièces par des lucioles au tympan badigeonné d'une pâte rouge des excès d'un fluor de contrebande lui pesait.
Sur les chemins imaginaires de transition poussé par ce barattage actif, ses inventions verbales ne reflétaient que sa volonté de s'extraire de ce problème d'envol du rythme qui minait le caractère de ses lampyres suceurs de sens, en aucun cas ne verrait-il de la bouche de nouvelles carafes volumiques et électroluminescentes pour le plaisir de signifier au Doge qu'il pouvait franchir d'un souffle à l'embouchure de la canne les murs et les plombs du ghetto. 
Dans les chausses d'un traducteur français, bien campé sur ses semelles phoniques, reprendre au fer à souder et à la scie à ruban l'acoustique de ces montages lexicaux pris dans les calciums de leur sémaphore, comme s'y résoudrait un fiérot chanteur de Mexico pour faire montre de son abattage, de l'étendue de sa page locale, de la grosseur de sa glotte caudale dont la seule vue l'émoustille, pour faire parler la frontale perspicacité qui plaque son exocerveau au niveau de la naissance des cheveux, n'exhibe que sa faculté native à perroqueter en rond dans l'implantation de ses champs de toupets, perruques et plastrons, mis en culture avant l'éditorial après-vente au salon près de l'étagère où s'entassaient d'autres lotions tirées et flaconnées pour des raisons non moins grassement capillaires.
Une anémie poilue qui brille collée comme force souffle de crayon dans la main, qui déchire de loin avec ses principes l'enveloppe vitelline.
Filins, mâts, moulins. Grand Rhuis, aux confins du fossé des aiguillons, sous le viaduc de Faux-Namti, rétrocédant les strideurs de l'eau, tous les outils de reversion du sens dans le bon vase du vaste contexte, tout en se gardant des projections habituelles des vilaines tournures de la non-vie dues aux historiques consuetudines de la profession, sont pourtant vivants facteurs du dire-le-poème dans la trousse de l'artisan verrier que les professionnels ne devraient cesser d'être.
Névrotiques, il faut toujours qu'ils présentent le détail de leur dot devant le nez de l'écrivain-parent, de l'auteur-père, de la figure-mère, du conjoint-source, du bachelier-cible, dont ils veulent à tout prix marquer les draps du linge de maison à leurs initiales, prélavage avant mariage dans le tambour de l'inverbe, avant la signature du contrat de régénération du texte infidèle par nature à leurs nouvelles liaisons, leurs nouvelles cuissons.
Bordereau du teinturier transmis au lecteur, ou à sa famille, par voie humaine, courrier sarde ou messager Ötzio-autrichien, un fragment de verbe fléchi au creux de l'épaule fiché, le plus souvent. Dans la pénurie d'un ferme bassin cispadan ou parisien qui jadis offrait ses marches à l'originale réception du filet d'eau vocalique, droit vers l'archéologie de son lavoir noir, leur manquaient aujourd'hui la batte italique, la soude du latin et son pouvoir de friction, en devoir de rendre toge fraîche à son propriétaire. Le Faune Brodsky, qui aimait bourrer tout le gras des après-midi de la semaine dans le baluchon d'un seul mardi, a walking dictionary in his own right, qui osa, dans l'un de ses poèmes saluant Dante par la bande, s'approcher au plus près de la flamme du décasyllabe, notait : войти в твой дом, coupant deux fois la route de l'hendécasyllabe postiche et de l'alexandrin ébouriffé de la Dame au Robert truffés de pétales de camélias. "Souviens-toi du vase où fermentaient les queues de poissons."
*

Les Toilettes étaient taillées puis traduites de l'intérieur.


le 30 mai 2020, 19h. Supprimé.

*

TransOrwelled to the crib - 1984 - 10 juillet 2020
                                                           

La section des commentaires semblait être devenue l’antichambre du Ministère du Remerciement – branche d'une Thankpol, peut-être ? – Or, maybe, they were just kidding.
La nouvelle traductrice présentait sa nouvelle collection d'Hiver c'est l'Été.
S'élevaient de la cave d'autres mercis lorsqu'elle rappelait que 1984 n’était pas sans viser la dictature communiste qui dura soixante-huit ans, onze mois, et 28 jours, dans le pays de Russie, – Voïna, Eto Mir.
La Guerre, c'est la Paix, expression programmatique consanguine à l'Allemagne d'Hitler et au PCUS du léniniste Staline, dans l'alliance comme dans le combat.
Y aura-t-il 9 autres traductions françaises derrière la sienne comme il y eut 11 impressions du dictionnaire du Newspeak jusqu’en 2050 ?
Elle paraissait les appeler de ses vœux.
Big Brother rendu par Grand Frère, cela ramenait beaucoup à l’un des membres du triptyque de la devise nationale, et pouvait gêner une oreille orthodoxe.
Typique fut la décision de le garder dans son jus.
Broad Brother Roth, en connaisseur, de caractère égal, dut apprécier à sa valeur cet exemple d'intrinsèque récession dans sa datcha du Connecticut.
Novlangue, latex mis aujourd'hui à toutes les sauces de son émulsion, véritable tic de langage en néoprène pour le journalisme d'hier ou contemporain moite et mou, était une superbe construction, très proche aussi d’une possible traduction russe en Novoiaz, idiome très fortement dans l'air hurlé à l'époque de la composition du roman.
Ses consonnes sonores, liquides et vibrantes, très avancées dans leur équipée labio-dentale, occlusive et nasale, étaient plus rusées en matière de translation que celles de ce néoparler qu'elle proposait, mot d'un word-building à la fois tel quel très sourd, vocalement intraduit, un soupçon pompeux avec ses presque diphtongues et sa lourde eutrophisation voisée, bien que respectueux des alternances en effet spécialement assourdies du mot élu par Orwell, coup sec d'un pistolet chargé à blanc, capable de blesser malgré tout par la juste et bonne propagation de son onde dans l'atmosphère.
Le devoir de propagande rétribue toujours ainsi son  Winstonhomme.
Un néoparler qui évoquerait, dans le miroir de la langue anglaise, l'effraction d'un éclat dans l'oeil, un parley, une invitation aux pourparlers, assez étrange dans le contexte.
J'appréciais d'habitude sa réflexion sur le métier, devais me tromper, l'assemblée avait affaire à un maître, une professionnelle, chacun continuait de remercier, se faisait des petits signes complices du coude.
Tout le contraire, vu d’ici, de cet affreux sabir anglais, aux petits légumes socialistes, sableux, qui émiettait tout du bel Oldspeak ou même de l’Anglais standard.
Dans sa fluidité le vieux mot français respectait pourtant les deux syllabes de l’original.
Newspeak, aspic acoustique envenimant les tentatives à l'oral si l'on cherche à l'épeler, travaillait beaucoup la langue des origines, la probable étymologie norvégienne spraki lui était comme familière, la Rumeur, la Minority Report, panoplie de ce genre de sens, le son craquait bien, comme une brique tombée de derrière les affiches des slogans lacérant les murs de toutes les pièces et couloirs.
En allait-il de même pour Mentopol, alors qu'on sentait affleurer le mens du latin, le mentir-vrai français, mais aussi le menton sous le manteau de Paul, était-ce à dessein ? Est-ce heureux prêt ?
La traductrice a souvent quelque chose du saint-Martin qu'elle découvre en elle, éberluée, l'Angsoc parlera toujours en langues.
Le style d’Orwell dans 1984 était très rythmé, je pense que beaucoup de jeunes français aiment à se lancer tête la première dans le texte, qu'en général des filtres aiment à se passer.
Je trouvais le tour de langue de l’extrait offert par l'auteure en lien dans son article de blog très descriptif, rond, assez distant de la lame acérée du fil orwellien, garde fermée, tenant ici à se couvrir, fourreau du coupe-papier à l'intérieur de l'enveloppe, préférant la vapeur pour s'y introduire, se tailler un chemin dans la lettre détachable, s'ouvrir une sente de mulet dans l'esprit scindé sur la tranche par le passage des nuages qui pullulent.
Et lorsqu'elle plaquait le texte au plus près de sa plume, son vent aigre du premier chapitre, par exemple, ne traduisait que par un crochet le vile wind anglais.
Nous perdions le cadre de l’image, manquions de peu la sensation de fétidité, de la répugnante atmosphère qui règne, sa radicale abomination.
Nous n’en avions qu’un parfum, peut-être fait pour rappeler la « bise aigre » de huysmanienne mémoire, que l’on trouve dans La Cathédrale.
Bravo, dans ce cas. Chacun mastique ses modules de traduction comme il veut et rallume son double corona Romeo y Julieta de son désir, dans la lumière de la fumée qu'il émet de son choix.
Oser le vent mauvais sonnait trop Révolution Nationale, entrait en collision une fois de plus avec la mémoire historique d'un pays, par trop colludait, au moment même où Eric Blair livrait peut-être qu'il était fin connaisseur des discours du régime pétainiste aux abois dès 1941, et que la pestilence qui s'arrogeait le pouvoir de pleuvoir sur les langues des hommes, LTI en lande hitlérienne, ordonnances du Komintern en terres soviétiques - alors qu'il travaillait, dans les locaux du Service Oriental de la Beeb, de même que sa femme au MiniForm du quartier de Saint John's Wood, NW8, à établir une contre-propagande -, alla jusqu'à le pousser à noter au ciseau derrière l'écorce de l'une des entrées du tronc de ses Diaries : _You realise what muck and filth is flowing in the air.
L’Appendice d’Orwell est comme un échange clandestin que l’on aurait avec l’auteur dans un speakeasy où ne s’entendrait pas parler la traductrice, à cause du déficit en bruit dans la salle, les rats ne sautant plus dans leur cage de joie de la lire.
Le silence intestin s’est vraisemblablement fait au moment où Smith & Winston reçoit, d’un gros calibre, une plus que certaine balle dans la nuque. 
Thank God, son texte, feuille de route inconsciente de tous les fascismes, nationaux ou socialistes, reste vivant et toujours ouvert, humide et rouge, sur la table.
*

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