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dimanche 5 juin 2016

Garçon, une autre société, et l'addition s'il vous plaît

The Day Of The Locust's Café Society


Je pense que Woddy Allen essaya par deux fois de coincer le livre de Nathanael West, The Day Of The Locust, roman-bible de la société des cinéastes-lecteurs de Los Angeles, artistes comme intellectuels, entre 1939 et 1979 environ, au cœur des pages de ses cahiers personnels avec les images de Hollywood Ending et de celles du dernier Café Society.
Difficile serait d'émettre qu'il se résolût à ne pas s'imprégner de la version qu'en donna John Schlesinger en 1975.
L'oeuvre -- qui réussissait à recréer, exécré depuis le souffle purulent à l'orifice d'un lance-flamme, l'écran de la toile empourprée de vitriol du grand Burning of L.A, où l'on vit les laques de la chaleur humaine forniquer avec les kaolins du feu lustral pétrifiant tout face-à-face dans le four de la faillibilité, que peignit l'ambitieux jeune homme Tod Hackett dans son logis (la simple base logicielle d'antan) -- atteignit un piton dans l'art d'emboîter l'inexorable scénario sur les rainures de sa ponte horizontale, de dévoiler le jeu des acteurs (et des actrices, Karen Black, soliste inouïe, cliffhanged body swell, sharply braking what the eyeball of a more consensual rogue wave would accelerate, rendit sa partie comme peu d'autres surent et peut-être sauront le faire). Les lourds dovetails se faisaient arondes, les coqs se surinaient la gorge et s'anéantissaient doucement, remuement mort au monde, comme l'on joue des doigts dans une cagoule de soie gelée.
Hack était aussi le nom de l'agent radioguidant l'insupportable, et frénétique Œdipe centripète d'une Muse fumigène, Val Waxman dans le film de Allen, Hollywood Ending (les Rastignac du Tinseltown des années vingt-trente devaient encaisser label identique, enfiler les habits du "Hack", devenu sobriquet, trousseau des pistonnés, blason des fausses valeurs, chapeau des bonimenteurs souvent, pas forcément toujours, l'étiquette mutant métonymie tranquille, claque employée par les gens du métier même pour désigner freshmen et bleusaille les plus doués, l'homme d'Annie Hall s'en souvient, brode dessus).
La cinéaste française de No Fear, No Die, didn't get cocky, faucha de ses griffes quelques scènes volatiles, mit Malin dans le cambouis pour qu'il lui rapportât, du bosquet d'un jardin ardent, deux ou trois cornets remplis des charbons de l'ébène, Lynch en retira sans doute de la même façon quelques marrons pareillement embrasés, avec ses nains au pouvoir maléfique, ses voluptuaires blondes mollement orgiaques, morbidement pénétrées par les âcres phéromones des Titans de l'artisterie qui vient, qui jouit, comme déjoue la pâte du décor d'une bataille de Waterloo au remembrement de terre aspirée de l'intérieur par l'un des fantômes du général Edgar Pisani, avec ses Mulholland Villas mauresques de la rue Havenhurst dessinées à la feuille de camélia -- linteaux tracés au cordeau d'une tige de sauge, leurs extrémités liliales moulées en forme de navet --, maculées de poudre de zinc et gras de porc pour ressembler à la peau de façade de la petite cité (dont les membres de la communauté gâtée par le dénombrement des han ! de viols fantasmés et la comptabilité des jeunes printemps qui s'égouttent sans se presser ni lasser à la sublime fibule du soleil blanc-lymphe des hanches savent qu'ils sont seuls à jamais), jetée dans Les Bras de San Berdoo, abritant la balafre de la non-rencontre amoureuse entre Faye Greene (Black) et Hackett (Atherton).
Les locustes de la vie en rose, les autres criquets grégariaptes de la chambre obscure, dévorent la nuit ce qui reste des beaux morceaux de l'enfer cinématographique au corps gisant dans les allées de la ville californienne, chez Lynch et Schlesinger, bien plus sûrement que les petites bestioles loquaces, cousues aux pattes, ne dilapident les miettes et bouts de chair séjournant entre les dents de personnages alléniens des limbes orientaux qui débordent de bouches saines et saignent de blancs dialogues, fluides poussés dehors comme la lumière est chassée sur le trottoir, couvert de cadavres de bambocheurs, par les conduits boulevardiers du jour, parfaits Deboutistes renégats du Sunset. Diplomatique manière de la part du Cole Porter du rythme cardiaque des mots on parole de considérer en quelque sorte que le ruban du roman toilé de West n'est pas uniquement la satire que les hommes commentaient hier, et qu'il a tout pour insérer les laines de son tohu-bohu dans les boucles de la tapisserie prophétique du destin réel que les mêmes prêtèrent à leur céleste cité depuis sa création. Pigments endigués pour le moment, triomphe précaire de la bonté du verbe, l'unité du royaume de la représentation semble encore de mise. Pour combien de temps ? Le tènement de Manhattan brûle-t-il ? New York 2016. Entre les intervalles d'un monde qui s'escamote, déjà disparu, Allen s'abandonnerai-t-il à montrer qu'il ne peut plus faire société dans ses murs, ni demeurer charpentier des étais à la mine de son futur ?


Chair is the new Black

jeudi 12 mai 2016

Coffeehouse Of The Two Vonnies

Miss Me, Stupid


Voir Vonnie double et venir mourir au Bow Bridge de Central Park, oublier les sables de l'Abalone Cove et les cavités des plages de Los Angeles. Voilà drôle de devenir amoureux pour le géant Hyméros en soi. Ranger toutes les lagunes sous les mesas. Danger des trouées et lacunes sur le tapis des ondes graves de la mémoire imminente, flegme de passer de fluctuant Éros en insouciant Pothos sans même s'apercevoir que l'on s'est mouillé les pieds. Avoir quitté Paris et sa rue de la Tombe-Issoire dans ces vespérales conditions, pourquoi donc ? Drame des conversations arides au téléphone perlant nues dans le cuivre monocrin, mais comment faisaient les gens pour tresser les fils de la parlote avant l'invention des cybercafés ? Regarder sur la peau du Lake passer les cygnes de l'avenir ne pas sillonner les indices ni les antécédents à la surface du souvenir. We are past 1933, we can drink again to the lost memory of André Simon's Bibliotheca Vinaria. In dribs and drabs, boire un verre de rosé sur le Bow.
Bobby voit en rêve à l'Ouessant de l'île du Belvédère le soleil éponger le sang des lianes du pont de singe des suicidés, Saint Chaumont constamment en état de choc fait une passe de torero pour essuyer le front du frère Ben, qui justement monte au ciel dans un nuage d'étincelles frottées de la paume des mains par Mrs Old Sparky. Veronica brakes, égare sa voilure. Elle sait bien qu'elle ne portera jamais l'enfant du Wunderkind et voit dans le verre des yeux de son ex-fiancé que les sens décèdent lentement dans les glaces balsamiques, banquise naturelle, du prolongement adultérin des intuitions de sa future existence.

So What's New Veronicat ?

Lorsque Allen prit la Sony F 65, posée sur la table à côté des clés de la Ford 1935 model B, son directeur de la photo ne tarissait pas d'éloges sur la voie numérique qui s'ouvrait devant eux, c'était un boulevard très élastique qui savait encore jouer les constricteurs de ses propres artères et laisser serpenter les ruelles au-delà des limites allouées aux boyaux du Grauman's Theatre et de l'El Capitan jusqu'à la Villa Seurat. Le fleuve Amazone ne se montra jamais avare dans la distribution liquide, la douce imprégnation de ses mangroves. The Bright Young Things de demain ne doivent pas s'en faire, boys and girls just have to relax. Rayonne Cecil Beaton. L'homme serein repose son Rolleiflex sur le comptoir. La voix off de Woody se fait peut-être un peu pâteuse, au commencement les spectateurs se disent qu'ils n'y croient pas et puis le timbre les importe à l'intérieur de l'écran, comme le batch tranquille d'une photographie au numérique clausus jauni, le tirage d'un papier enveloppé de toute la fumée des harmonies de leur oreille interne, comme la copie d'un fichier son aspiré dans les ouïes du violon d'un fiddler aveugle de la terre d'Arménie. Ils guettent la jeune Deborah Gelly dans la South 6th Street, après tout Leone vint tourner à la Gare du Nord des scènes pour recréer l'ambiance de Grand Central Station à New York, et un Brooklyn en couleurs est un Manhattan en noir et blanc doublé d'un Paris au manteau passementé d'un revers de moire accablant. Hearst Syndicate. Enter Ghost. Usher mister Fellig. Ils entr'aperçoivent, part de flash subliminal offerte par les anges du fait divers accompli, un Weegee dont la quiddité vorace éteint pour quelques sombres secondes, avec ses portatifs éclairs étouffeurs des combles, le four ardent de la nuit. Les enfants du lower East Side sont devenus des Tough Jews, les yiddishe mammas préparent le repas du Séder et mettent à distance la peur du Reaper, joli moment lorsque Bobby, assis au milieu de la famille dans la minuscule cuisine, dit le bien qu'il pense de la nouvelle femme de son oncle, la fameuse Vonnie qu'il vient dramatiquement de se faire chiper. Uncle Phil ressemble à l'avantageux régent d'un rayon de chez Darty, peut-être au master of ceremony, chef du protocole d'une ambassade de France dans la capitale d'un grand pays d'extrême-orient, dispensateur des badges et sauf-conduits qui vous admettent au quatrième étage, saint des saints du plénipotentiaire qui vous a sollicité. Y aurait-il un peu des Charles et Julia de Evelyn Waugh chez les Bobby et Veronica de Woody Allen, comme le léger parfum d'un Retour à Brideshead dans l'aller simple vers le Village de New York où Bobby Dorfman veut se marier et faire sa vie ? Back to the Dorf, mon village à l'or du Rhin allemand, blond comme les blondes du Danemark. Ne dit-on pas que les Danish rolls furent pâtisseries inventées par les émigrés d'Autriche alors qu'une grève de la boulange copenhaguoise sévissait ? Les Suédois, toujours très matter of fact, les appellent d'ailleurs des petits pains de Vienne (et les Français des croissants amendés, perfectionnés). Vienna streams. L'air de Vienne, n'en déplaise aux Mayer et Zanuck, soufflait toujours un peu sur les brisées des ventilateurs refroidissant les amours des acteurs derrière les décors détendeurs de la bonne haleine. Bobby Dorfman, hum, comme le nom du grand producteur parisien des années soixante et suivantes, Robert Dorfmann ? Vertige des deux corps du moi, que les actrices connaissent bien. Vonnie soient toutes celles auxquelles Mel Brooks pense. Une belle scène dans le joint de jazz montre que la jeune femme démocrate aux cheveux dorés n'a aucune prévention contre ses concitoyens juifs (chouette réflexion par la bande de la part du dialoguiste qui fait murmurer à Bobby que lui aussi l'est, démocrate, forcément puisqu'il est juif, répartie très poil à gratter lorsqu'on se remémore l'empressement que mit Roosevelt à recevoir dans les ports de la Côte Est le bateau des désespérés derniers chassés d'Allemagne en 1940 avant fermeture (ce qui donnera un argument rhétorique de première bourre au leader nazi, Voyez ! Même les Américains n'en veulent pas !), et pourvu que l'on conçoive la sourde mais inaltérable horripilation manifestée à l'égard d'Israël par l'actuel archangélique et fraternel dirigeant suprême intermittent stand-up comedian de la Maison Blanche. Si Allen a la même finesse que le Leo Bloom de Gene Wilder sur ce terrain, le contemporain Attal en semble déjà loin. Si rien n'est vraiment traité dans ce nouveau film, ni la raison pour laquelle les gens firent société dans ces cafés où se pressaient Grandes Dames et rejetons de la Vieille Garde des Familles (400, disait-on là-bas), ni les considérations à propos de l'élection d'un lieu dans lequel s'éprouvaient ou pas certaines relations, peut-être le tissage de concordances, réelles, illusoires, linons et textiles sans aiguilles ni fabriques, avec les excentriques d'Edith Sitwell par exemple, tout inviterait alors à se laisser porter vers la plage où s'allongent ces deux Véronique, d'abord la Vonnie-rêvée, dans la dévotion de ses rives dévorées, la blonde paradoxale, beauté propice, rédemptrice de tous les fatals, celle qui s'en fiche de ne pas avoir l'œil ni l'oreille du cerbère à l'entrée du Club House interdite aux circoncis, et puis l'autre brunette, au corps lové dans la neige ossianique des Varègues et des Goyims hellènes, la Sybille persique de la Butte-Chaumont qui tend un cierge allumé (que le bélître de blog du milieu de la salle ne va pas se gêner pour déclarer instrument baigneur d'une lumière digne de Georges de la Tour) à cause d'un blackout dans l'appartement (scène identique au même instant dans la salle de cinéma suite à l'orage charnu du 11 mai, c'est mon karma noir du moment). Brune ou blonde, Bobby doit faire la part du feu scapulaire partageant les épaules et les boucles des eaux au centre du lac, Kristen again ou Blake Lively still, dahlia noir ou dahlia bleu, ample obscur fuselé ou mastard clair opaque. Dans les arabesques et les volutes de l'amour, toujours Veronica Lake dans son immense pâleur, habit d'embrasement des voleurs d'atours, sans dédaigner le happy mending, refusait de se soumettre, comme ça, à la loi de justice poétique des scénarios plausibles de la vie dont les chemins sont saturés d'assomoirs jusqu'à satiété.


A colored Brooklyn is a white and black Manhattan
is a Manhattan
is a Manhattan
Sips of Lips Wine
Under a refilling moon

samedi 9 avril 2016

De la gangue des barbus

Prison Drakes

World of gonads gone mad
Mould of monads toned down
Everyone's got to be the milder nomad
Into the desert of false battles town versus gown
The dramas at play on the sad
American campuses don't make it to Tinseltown
It's not even too bad
It's just that you can't cater enough hair to their every frown (Tapé le 17 février 2016.)

Mâles magiques dont le côlon bée (ils ne nous épargnent rien des déchirements qui microsillonnent leurs entrailles), maigres Titans mateurs dont Bérénice destitue le rivetage amoureux d'un simple coup de rein de la clé en croix gisant dans la marée de ses regards retirée d'un bassin de radoub, long comme un cigare cubain écrasé sur le sol d'une cassine publique, fantôme d'écluse, où passagèrement s'égare, s'enfonce, la roue solarigraphe chavirée déjantant le mascaret du noir à ses yeux. Unité du pieu, lit de justice, unité d'onction dans la séparation des bibliothèques, justesses des livres, schisme de l'envoûtement des aimants désunis, chamaille de fer, limaille de verre, désunion du temps par manque d'unités moins transparentes à mettre sur le dos des forfaits des lansquenets du désamour, forçats des liaisons du mélo phonique, engeance endogée perdue sans amis, sans réseaux. On danse la gigue au ralenti sur le cadavre, finalement sans danger, de Douglas Sirk, la femme est l'avenir de la femme, les deux pas dans la slikke Isabelle Huppert réinvente l'habitus des mollières, là où la nécromasse des vers de Racine ne prend pas. À l'aide de ses pieds formidables, dessinés comme des pales, à brasser les chagrins et les noises, elle pétrit le sol de Compiègne de la vasière des sables d'or de Cancale, ancienne gloise des Tristan. Franche alternative au dévoyé golem, elle crée, de l'ample terminaison musculeuse de ses propres ceps, l'homme nouveau. Triture les lâches super-strictures. D'une foison de Byron, bat du pied, que le lord avait beau, les mesures unifiées des respirations, lustre les coques bivalves de leurs poumons de grands nageurs, dans le lit fluidisé fait rendre gorge aux laves généreuses de la viscosité. Isabelle, qui maudit les vœux bleus, plasturgiste de traits à la Shelley, à la Keats, enchaînés, est la promise de Prométhée dont elle séquestre le feu sacré. Car il est établi que les femmes, même Emily (Dickinson), même Antoinette Des Houlières (surtout), si elles affectent aimer les hommes féminins, élisent des maris qui respirent la décence et la bonté, ne sont absolument pas répugnées par les real bad guys (au contraire, Johnny Boy). Will the Walking Man Arise from the Dead's Clay ? Mâleté Dans la Civilisation de la Féminence, Freud avait senti quelque chose là d'excitant. Comment ne pas s'en apercevoir hier soir devant la vitrine d'un café ayant pignon sur Paris-Première. La modératrice y recevait quatre invitées dans un salon où l'absinthe versée dans les verres était d'une telle teneur en anis et mélisse qu'elle irradiait de ses neutrons -- plein axe face caméra dont l'objectif, dans la façon qu'il avait d'éponger les jus des propos obscurs, se madéfiait à larme d'œil --, le végétatif bismuth des radons de leur maquillage vert-de-grisé. Les deux militantes féministes, massivement romancières et totalement sociologues (un mélange détonant jadis interdit par les fées des estaminets), baignaient encore dans la sériosité de leur dix-sept ans qu'elles ne désiraient plus quitter. Ne voulaient plus qu'on leur donnât du Mademoiselle ni que les garçons continuassent de les attirer par l'exposition de leurs obscènes petites voitures. Some kind of Guide to a New Kultchur. Je pensais à la guerre que menait Mr. de Blasio, démocrate gender friendly maire de New York, contre l'épidémie d'ongleries sauvages, turbulentes échoppes qui s'ouvraient de Chelsea à Brooklyn en passant par Tribeca et la vive Koreatown. Les deux dames au sourire d'amiante portaient des peintures laquées au vernis noir brillant que recueillait jalousement l'extrémité des doigts, les deux autres qui fronçaient quelquefois des lèvres pour afficher leurs dentitions argentiques, lipstick déchirant la pechblende d'un ivoire de grande profondeur, avaient exactement les mêmes digitales adhérences mais cette fois-ci peignées de rouge ardent. On n'y voyait goutte et n'y comprenait rien. Black Narcissus contre Tale of the Red Sea, petite barrière de chorals, grande muraille de carrières, le pétrole lourd des paroles, au suint rendu difficile, s'emmurait dans les cavités les plus intimes des murex de la conversation. Certaines ambitionnaient de transformer l'appareil des Gender Studies en outil de conquête de la société (renversement qui faisait retrouver là le discours bien rodé de la lutte des classes que la gauche radicale déplorait tragiquement abandonnée en rase campagne par la faute des Socialistes, danseurs étoiles du ballet sociétal), reprenaient la pantomime intellectuelle de la soliste Judith Butler avec les mêmes squelettes de gestes fatigués sur la scène du même théâtre d'ombres. Leurs voisines firent remarquer que sous la bannière d'une dévotion offerte à l'amour des Humanités, la chasse aux biais sexistes et raciaux, la correction des lentilles de la lorgnette déchiffrant le cosmos de la vaste perspective multiculturaliste, la capture de plus de texture et de richesse mentales pêchées dans les ruisseaux de l'intelligence émotionnelle, le développement de nouvelles habitudes de jugement (comment raisonner avec rigueur, assimiler les techniques de know-how), se faisaient toujours au détriment de l'acquisition du savoir. Que c'était pur déplacement (rangement) de l'Eurocentrisme aux marges, une mise au ban de tous les exceptionnalismes (surtout lorsqu'on en connaît plus qu'un seul, pas bien vaillant, l'américain, en existât-il jamais un autre dirait Tocqueville), sempiternelles attaques contre les indécrottables valeurs bourgeoises. Dead White Male Writers And Artists. Des aptitudes, des attitudes, reproduites à la tonne, plutôt que l'absorption de l'exigeant corpus de la connaissance. Le personnage d'Isabelle Huppert semble beaucoup protester contre cet état des choses, professeur de philosophie, elle refuse de faire grève, décline devoir pratiquer l'art spontané des rondes péniblement schizoïdes (pour l'entourage), ateliers d'inexpression corporelle préférés des profs de fac moroses, in et out Sorbonne, lors des protestations contre la loi Pécresse de jadis. Elle perçoit la totale désaffection masculine pour le noble suivi des principes que commandaient les magnifiques instances de la glabreté. Le poil anarchique tente une percée, une façon de faire pièce à la désastreuse image tendue par le pauvre Obama's Pajamas Boy de la publicité ? Peut-être avions-nous ça chez nous aussi. M. Gallienne dans le film Éperdument est si viril. Au point qu’on serait prêt à jurer sur la Bible de Cyrille et Méthode que le grizzly de The Revenant est revenu, comme Mathilde, semer l’ivraie de sa vengeance d’animal-acteur chassé des studios Stanislavski, ainsi que du salon de coiffure Vitez, pour absence de profondeur pilaire au niveau du collier, dans la région du manque de menton, avec le poème d’Emile Verhaeren dans la gueule plutôt que celui de Baudelaire (qui a La vengeance éperdue aux bras rouges et forts). La virilité est un problème qui tenaillait l'Alain Delon du début de carrière, jusqu'à celui qui en 1969, année des pilaires épodiques, plongea dans les distiques des eaux blèches de La Piscine, les acteurs semblent devoir en passer par-là. L’étudier à l’écran est peut-être pacte fondateur avec soi-même pour ce genre d’artistes. En attendant Groddeck, ils peuvent se reposer sur un certain degré d’imitation, c’est ce qu’a l’air de proposer le film qui ne se démarque pas des faits réels, qui repose les deux pieds sur leurs épaules, sans la moindre délicatesse, obligeant les blogueurs à commettre d'épouvantables titres qu'ils flairent tirés par les racines d'une tragédie qu'on maltraite sans analyser quoi que ce soit, mêmes cheveux gras, même mine de garçonnet, malgré des sourcils broussailleux et un petit bouc naissant, que le fameux Florent G. directeur de la prison de Versailles. C’est tout le talent de Gallienne que de savoir faire rejaillir ça, avec un visage à facettes multiples, prendre l’apparence d’un maître de conférence en Gender Studies d’une faculté de banlieue engloutie près-Chicago, ou celle d’un décorateur de gratte-ciel pour Portzamparc à NYC, et de toujours retomber sur ses pattes de jeune directeur de la Pénitenciaire appâté par la perspective de l’amour, tours d’écrous suspendus dans l’air, dans les murs mêmes d’un panopticon, à la recherche de la Toison de la mort cachée dans les bois du pileux perdu, si cher à Foucault (fantasme primaire digne d’un homme immature). Le poil de barbe est aujourd'hui partout de sortie, sur la mine des journalistes de plus en plus sportifs, celle des propriétaires de bouclards Triumph vintage du Marais, petits bords de barbes estudiantines sans structure, barbes de treize jours, barbes de sapeur, camembert jugulaire, panache trachéal, vair mandibulaire, en règle avec de possibles soumissions futures. L'homme est presque mort et les ongles de sa bavure poussent encore. Il semble fuir les estrogènes, revêt chemises de bûcherons, mais adore faire pistonner chez lui le synchronisme du carreau féministe. Voit bien que sa femme cultive discrète passion pour McConaughey, pour Chris Hemsworth, repère que même les belles actrices du cinéma français s'exilent au pays du Big Sky pour avoir la sensation d'embrasser tous les Norman Reedus du monde libre de l'embâcle des soies hirsutes. Adèle Exarchopoulos, Vénus à la moirure livrée charnellement aux photographes, se fait la tête de la fille-appât dans l'éclaboussement des flashs, un guignol barbu chroniqueur de football enfile le t-shirt de Al Capone et rigole, l'inénarrable demi-dieu barbudo Didier Roustan endosse simplement le blouson de motard du Che Guevara et entonne son hymne. Fascination générale des yeux de lapins dans l'imberbe halo de l'impeccable luisance du crime. Pendant ce temps-là l'exercice de la libre-parole, l'institution du Free Speech, terrain naturel des campus américains, fond comme tronc de liège au soleil de la levée. Rien de nouveau sous la couche de cet infréquentable pilosisme comateux échauffant le climat du visage des mâles européens.

vendredi 27 février 2015

Birdbrain (yet again)

Remembering Allen

373__Birdbrain abrite à Broadway son cerveau
Birdbrain se tient debout au théâtre de son palier
Birdbrain ignore tout de l'intelligence du corbeau
Birdbrain vole Iñàrritu et plume son film animalier
Birdbrain préfère tauriner les loups du cinéma d'Annaud
Birdbrain s'écorche à Carver comme à la grièche alliée
Birdbrain a le moi palmé et marche sur des os
Birdbrain habite toujours le Hollywood fou à lier
Birdbrain observe que ses studios changent de peau
Birdbrain trouve qu'ils font du Sundance sans se l'avouer
Birdbrain ne place aucun espoir dans les Oscars et leur cadeau
Birdbrain en dépouillait tant et plus que vous n'en avaliez
Birdbrain raye d'un trait noir tous leurs staccati scatos
Birdbrain, hé oui, a l'esprit d'escalier
Birdbrain songe à un César remis par Cottillard en Garbo
Birdbrain, dompté, dort en coulisses après s'être fait faire un pompier
Birdbrain put regarder le making-of de Birdman à la radio
Birdbrain en conclut que les virtuoses-tout sont des Daladier
Birdbrain les reconnait à ça qu'ils ressemblent aux têtes de veaux
(Birfbrain vécut enfant sur la falaise du cours supérieur de la Loire en Allier)
Birdbrain le tient d'amis vautours qui planent encore plus haut
Birdbrain pense qu'Iñàrritu tourne comme si l'autre Allen lui filmait les pieds
Birdbrain ne voit qu'Emma Stone tirer son épingle du juego
Birdbrain se souvient ému du dernier film de Robert Altman, le french Cavalier
Birdbrain aimait bien Lindsay Lohan en suicidaire petit oiseau
Birdbrain se rêvait Buster mais il n'est que de ceux qui tonnent et vitupèrent comme des hipsters à colliers.


Moi aussi je casse la graine avec Birdbrain