dimanche 5 juin 2016

Garçon, une autre société, et l'addition s'il vous plaît

The Day Of The Locust's Café Society


Je pense que Woddy Allen essaya par deux fois de coincer le livre de Nathanael West, The Day Of The Locust, roman-bible de la société des cinéastes-lecteurs de Los Angeles, artistes comme intellectuels, entre 1939 et 1979 environ, au cœur des pages de ses cahiers personnels avec les images de Hollywood Ending et de celles du dernier Café Society.
Difficile serait d'émettre qu'il se résolût à ne pas s'imprégner de la version qu'en donna John Schlesinger en 1975.
L'oeuvre -- qui réussissait à recréer, exécré depuis le souffle purulent à l'orifice d'un lance-flamme, l'écran de la toile empourprée de vitriol du grand Burning of L.A, où l'on vit les laques de la chaleur humaine forniquer avec les kaolins du feu lustral pétrifiant tout face-à-face dans le four de la faillibilité, que peignit l'ambitieux jeune homme Tod Hackett dans son logis (la simple base logicielle d'antan) -- atteignit un piton dans l'art d'emboîter l'inexorable scénario sur les rainures de sa ponte horizontale, de dévoiler le jeu des acteurs (et des actrices, Karen Black, soliste inouïe, cliffhanged body swell, sharply braking what the eyeball of a more consensual rogue wave would accelerate, rendit sa partie comme peu d'autres surent et peut-être sauront le faire). Les lourds dovetails se faisaient arondes, les coqs se surinaient la gorge et s'anéantissaient doucement, remuement mort au monde, comme l'on joue des doigts dans une cagoule de soie gelée.
Hack était aussi le nom de l'agent radioguidant l'insupportable, et frénétique Œdipe centripète d'une Muse fumigène, Val Waxman dans le film de Allen, Hollywood Ending (les Rastignac du Tinseltown des années vingt-trente devaient encaisser label identique, enfiler les habits du "Hack", devenu sobriquet, trousseau des pistonnés, blason des fausses valeurs, chapeau des bonimenteurs souvent, pas forcément toujours, l'étiquette mutant métonymie tranquille, claque employée par les gens du métier même pour désigner freshmen et bleusaille les plus doués, l'homme d'Annie Hall s'en souvient, brode dessus).
La cinéaste française de No Fear, No Die, didn't get cocky, faucha de ses griffes quelques scènes volatiles, mit Malin dans le cambouis pour qu'il lui rapportât, du bosquet d'un jardin ardent, deux ou trois cornets remplis des charbons de l'ébène, Lynch en retira sans doute de la même façon quelques marrons pareillement embrasés, avec ses nains au pouvoir maléfique, ses voluptuaires blondes mollement orgiaques, morbidement pénétrées par les âcres phéromones des Titans de l'artisterie qui vient, qui jouit, comme déjoue la pâte du décor d'une bataille de Waterloo au remembrement de terre aspirée de l'intérieur par l'un des fantômes du général Edgar Pisani, avec ses Mulholland Villas mauresques de la rue Havenhurst dessinées à la feuille de camélia -- linteaux tracés au cordeau d'une tige de sauge, leurs extrémités liliales moulées en forme de navet --, maculées de poudre de zinc et gras de porc pour ressembler à la peau de façade de la petite cité (dont les membres de la communauté gâtée par le dénombrement des han ! de viols fantasmés et la comptabilité des jeunes printemps qui s'égouttent sans se presser ni lasser à la sublime fibule du soleil blanc-lymphe des hanches savent qu'ils sont seuls à jamais), jetée dans Les Bras de San Berdoo, abritant la balafre de la non-rencontre amoureuse entre Faye Greene (Black) et Hackett (Atherton).
Les locustes de la vie en rose, les autres criquets grégariaptes de la chambre obscure, dévorent la nuit ce qui reste des beaux morceaux de l'enfer cinématographique au corps gisant dans les allées de la ville californienne, chez Lynch et Schlesinger, bien plus sûrement que les petites bestioles loquaces, cousues aux pattes, ne dilapident les miettes et bouts de chair séjournant entre les dents de personnages alléniens des limbes orientaux qui débordent de bouches saines et saignent de blancs dialogues, fluides poussés dehors comme la lumière est chassée sur le trottoir, couvert de cadavres de bambocheurs, par les conduits boulevardiers du jour, parfaits Deboutistes renégats du Sunset. Diplomatique manière de la part du Cole Porter du rythme cardiaque des mots on parole de considérer en quelque sorte que le ruban du roman toilé de West n'est pas uniquement la satire que les hommes commentaient hier, et qu'il a tout pour insérer les laines de son tohu-bohu dans les boucles de la tapisserie prophétique du destin réel que les mêmes prêtèrent à leur céleste cité depuis sa création. Pigments endigués pour le moment, triomphe précaire de la bonté du verbe, l'unité du royaume de la représentation semble encore de mise. Pour combien de temps ? Le tènement de Manhattan brûle-t-il ? New York 2016. Entre les intervalles d'un monde qui s'escamote, déjà disparu, Allen s'abandonnerai-t-il à montrer qu'il ne peut plus faire société dans ses murs, ni demeurer charpentier des étais à la mine de son futur ?


Chair is the new Black

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