lundi 8 décembre 2014

Connections of an Internet eater

Ghostholm syndromet des villes, des bois et des forêts

359__Au rendez-vous las des hommages, descente de l'escalier des sages aux esprits de connexions, (écharpe d'étincelles dans un passage du deuxième arrondissement de Paris gardant intact la friction des souvenirs de lectures faites en masse, et ramenées à la tension basse), son allusion à Thomas de Quincey, l'Erlking des Angles, est celle qui prend le plus de pente, c'est elle aussi qui, dans le magasin des confidences émouvantes, procure le plus de beaux dommages : l'écrivain nous fait entrer de plain-pied dans l'orient du rêve, sa latéralité, jusqu'à l'exploration du caché de ses angles amollis par des marées allongées droit vers les grèves, vidant les éviers de l'or diurne, dégageant enfin, face aux phares de route du siphon nocturne, des perspectives au légendaire intranquille qui avait fini, à la fente obscure, par les jantes se coincer. L'opium de la rêverie demeure parfaite chocolaterie, Baudelaire, le Kàstôr éleveur de chevaux en pleine rue, tanneur des hymnes d'Edgar Poe, en double aveugle des âmes et des corps de mille dipôles de Dioscures à sabots, avait déjà mangé ses tablettes par kilos sur les cimes, les transistors sont plus discrets chez Modiano, leurs émissions pleuvent de nues d'une matrice scalaire de belle norme et tenue, il me semble que c'est la matière-rêve qu'il étudie, dans le chaud-et-froid de son écho-là, et qu'il abandonne, méandres étendus dans les deltas anévrismatiques de leur écholalie, les sales petits exercices habituels d'imitation corollaires. Maillé dans les circuits du cerveau, au coeur de l'une de ses banes, l'extraordinaire continuum du calcul ombral d'images filées de strates surprenantes, au terreau de son écriture mentale, me fit repenser à une scène germée hors la serre d'Hypnos au milieu du dernier roman, lorsque Daragane, braconnier du sanctuaire de son enfance écroulée sous les pilastres et les antes, visite le vieux docteur Voustraat, notable banal ou sorte d'Athos, enveloppé de souvenirs craquant doucement sous le cuir de la canopée de deux ou trois arbres-divans, entouré vivant par les cernes et les cils de trembles centenaires que la sécheresse des canaux de sève achève de confire dans la vaste commode en camphrier massif de sa mémoire marine à tiroirs, filtrant les eaux du passé comme en Sicile les fontaines de Catane, homme qui le reçoit dans sa maison forestière. J'eus sur la langue la sensation d'être touché par le gong d'un gamelan (la référence à la musique balinaise fait-elle toujours aussi grosse impression sur le lecteur-orang constitué normalement ?) puis projeté couché au mur de drap d'un wayang, comme sur le testament d'un rêve d'ici, tapé sur la machine à décrire du Dark Interpretor inventé par Quincey. Modiano, expert du théâtre d'ombres sur rouleaux beber dépliés derrière les stores, sait retranscrire tout cela, mêmòr de Montmorency, par bois à Quercy, taillis en Torcy, de ce qui avait été dit entre les lierres du sommeil exactement. Ann, la londonienne de quinze ans, est peut-être alors une autre des images de l'Annie vermeille de son roman, une dear companion renversée sous l'échelle du temps, peinte à l'huile perdue aux rives du réel-isthme et aux détroits de la fiction-île, (mais les enfants nageurs sans mamans sont capables d'une infinie compassion pour leur âge), qui revient d'un exil, suspiria de pronfundis, Adonaï Adonis, lui bander une dernière fois l'arc des traits effacés sur les visages, dans les hauteurs de Nice.