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mercredi 8 mars 2017

Letters From Darkness




Immer dunkler
Der Wind, der purpurne Wipfel bewegt,
Ist Gottes Odem, der kommt und geht.
Das schwarze Dorf vorm Wald aufsteht;
Drei Schatten sind über den Acker gelegt.
Kärglich dämmert unten und still
Den Bescheidenen das Tal.
Grüßt ein Ernstes in Garten und Saal,
Das den Tag beenden will,
Fromm und dunkel ein Orgelklang.
Marie thront dort im blauen Gewand
Und wiegt ihr Kindlein in der Hand.
Die Nacht ist sternenklar und lang.
Immersion vers le sombre 
Le vent, qui chavire la pourprée des cimes,
Est d'émanation divine, s'approche et largue.
Le hameau noir devant la voile du bois se cargue;
Trois ombres s'assolent sur le champ et passim.
Crépusculaire au compte-gouttes, secret et silencieux
Commencement de la nuit pour l'humble endormeur du val.
Hardiesse nous salue depuis le jardin jusque dans la salle,
Voudrait en terminer avec le jour qui ne finit d'être ambitieux,
Fervent et grave comme timbre de l'orgue.
Marie règne dans la place vêtue d'une robe bleue
Berce son tout-petit d'une main à l'heurt creux.
La nuit s'éclaire de ses étoiles et dure longtemps comme on le dit de toute sorgue. (Gedichte 1909-1912, Georg Trakl. Traduction : Hubert Perseault, son édition du Deutscher Taschenbuch Verlag, avril 1986.)


Mistah KoKain -- er Traktabel
Que je me taise, je me taise, me taise
Permettez-lui l'écho de cette tripodie à une voix.
Le promontoire de l'année 1913 devant les yeux de Trakl s'avance comme le novolithe épais à la surface duquel se souderont les plasmas des aciers noirs éclaireurs de la nuit 1914, élan suicidaire hors de l'étui.
Trakl Materie, tric-trac du gaspillage du vol du poète sous la voûte du ciel dont il déclina les propositions d'encorbellement.
On ne sait toujours pas si la matière noire existe, si ses invisibles équipages quittent le Nadir lorsque sombre la distribution de l'énergie, mourait Trakl peut-être à petit feu de vouloir nous le dire, le dire, dire.
Durabilité de cet implicite, indicible tactilité de ce Raumzeit, royaume du Lieu, Dieu du dessous des silences, de la dilatation des plans dans le tracé du pas humain dilapidé sur le chemin des sentences, à l'horizon des avènements perclus et non reperfusés, les inflations cathartiques du Kommenton, fluide préféré des interprétations cosmologiques, faux-murmures chauds comme la braise des mots sortie du taire, chauds de se terrer, bouillants avant de s'assortir pour se terrer.
Ein dunkelglühender Schmerz,
Sichentfremdung du joli mois de März
Hanami particulaire de l'Or de la bouche épanchée
Blancs, roses, pétales de gencives et dents jonchés
Sur le champ du donneur de profondeur de corps
Lourd gorgé de la lymphe des gens désemplis de leur sang.
Ausschwitzen, Trakl vit tout de cette hermétique suerie virer au condensat.
Dans la pure nuance d'un moment violacé de purpurrote agonie stable, telle une veille prolongée, à l'obscure euphonie, résonnant Wohllaut sur la peau.
La matière vocale noire est-elle cette onde qui comble de son ressort élastique les déplacements de mots des galaxies aux dits hyperlaxes ?
Quelques traces audibles infimes, fragments d'os des oreilles internes du cosmos, ce grand Bornéo sans jungle dont il ne manquerait peut-être que le bambou pour faire la courbure des ponts, rendre sonores l'accrétion du sel aux rives gazeuses des îles anciennes, relevé d'acoustique des célestes Euxins, Mers Noires des chevaliers-astronautes-Hospitaliers, pourrait-elle donner enfin ?
Ou les laisser se disperser dans le vide, comme toutes ces petites lettres d'ivoire le firent jadis par-delà les sombres Palatinats de la galaxie Nachtenberg.
The great many things you cannot even imagine flickering at heart in his mind bounce from one auroral De Sitter Space to the next dusky Von Ficker Bunker of the written being.
Immer dunkler
Un immédiat, que dis-je, une sorte d'immédium.
Choix radical de l'expression nue -- au pied des rayons de la lune ne modifiant pas ses lois de Newton à la lueur du lamparo des disciples de MOND -- sur les ténèbres de l'institution tenue par les minuscules et modernes communicants.
Silent Talker à une voyelle près du Centaure son prochain, alors que s'enfoncent les écrits et s'envolument les paroles, dans les entrailles d'une espèce de lande dont les hautes herbes connaissent chacun des noms de nos mânes intimes, dans l'infernal chaos des rythmes et des images, Trakl était-là, debout devant l'enfourchure des atroces entropies européennes passées, ou simplement s'orbitant déjà d'une inédite gravité. (Tapé à 12h00, remis en forme ici.)



jeudi 1 septembre 2016

Antun de l'Ankou au titre de l'Automne qui s'approche

Puissance du dit laconisme
ou simple beauté cachée du fait écrit 

Pour G. D.
Denen hat keiner o Gott                    De celui qui ne causa oh Dieu
ein Leid angetan                                 de mal à personne
sie rächen sich grausam                    atrocement ils se vengent
für ihre eigene Angst                          et se payent sur la bête
                                                                de leur propre épouvante
und sie morden                                    ils assassinent
wie’s gerade kommt                            un peu comme cela se présente
das Herz voller                                     le coeur rempli de terreur
Bangnis                                                  abyssale Angoisse à la racine
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Leben wie Gott in Frankreich, il faisait beau ce mercredi matin à la Maison funéraire de Senlis, elle reposait dans le cercueil, définitive mise en hier des protéines de sa défensine, son visage était mat sous la poussière des talcs mortuaires, veillait à ce que les petites vésicules cloquées du reste de ses souffles fissent une sociable résine, sa petite-fille, (ou arrière-petite, Sylvie, très jeune mère à l'époque, n'était pas là) choquée de sanglots, l'embrassait sur le front. L'une de ses sœurs pleurait. Certains de ses enfants attendaient dehors (nous nous revoyions, cousins, cousines, pour la première fois après vingt ans d'oubli, peut-être davantage, complètement engourdi par les retrouvailles, j'osais donner du Gilles à l'un des frères, le porteur du prénom pourtant cueilli dans la fleur de l'âge par un machinal et foudroyant syndrome il y avait des années), son fils cadet jouait pour elle en boucle, sur le piano électrique que le maître de cérémonie avait acheminé par une mystérieuse trappe dissimulée dans le châssis de son fourgon, Les Souvenirs de Banyuls sur Mer du Toulousain ami de Baudelaire, on allait bientôt faire préparer un tertre, le souvenir de l'élégant bienfaiteur à bave de Draco qui pensait avoir fait essuyer un phlegmon me quittait depuis longtemps, Dieu comme le ciel était bleu, une famille s'éteignait, une haute branche résistante se cassait et s'effaçait. La plupart des membres de sa dynastie habitait le sud maintenant. À cet instant j'essayais d'aiguiser aux silex des facettes de la mémoire les traces carbonées d'une ligne ou deux d'un poème que je pourrais transmettre par le cœur et l'esprit à la belle G. disparue, allongée devant moi dans le sarcophage d'un ivoire de satin, mais ne retombais pas sur le nom de l'espèce de psaume du poète, dont une édition allemande nous soumettait l'anthologie ces jours-ci, que j'avais en tête. Je me sentais aussi vide que très bête, plat et muet comme un tableau-écran de la chaîne Ikono que je regardais quelquefois tard dans la nuit, -- un canal où foisonnaient les artistes, souvent contemporains extrêmes du présent, un actuel dont Skàcel se fit honneur de poursuivre le langage et les formes jusque dans les forêts de la dahu-bitarde de cette fameuse Unmittelbarkeit. La Critique s'y entendait pour la mesurer, toujours pressée entre les plis et failles de sa robe d'indivisibilité -- de temps à autre nûment très bons. Je le sus trois jours après par l'entremise d'un article de la FAZ. "Ohne Titel", le bien armé, perte déjà dans le fruit et chromosome amnésique d'une mentale anaphase. (Pour quel motif aller lire la fiche de vie du radical grand Dichter Jan Skàcel sur Wikipedia, alors qu'elle ressort par la bande dans les romans et essais de Milan Kundera qui en parle avec beaucoup d'âme et d'autrement sensibles rebonds.) J'en propose une modeste traduction en regard plus haut, peut-être en mettrais-je une autre demain, selon l'humeur changeante comme le visage mobile de la mort qui ne change pas tout en ne restant pas le même dans les grottes capucines sous-marines de la ville de Palerme.
Jan Skàcel connaissait la puissance des forces de mort, au même titre que Havel et Kundera, le régime ne leur épargna pas grand'chose.
Philipp Ingold, son traducteur allemand dont je reprends la version qu'il donna, raconte que l'effort de résistance fut tel qu'ils gardèrent souvent les traces intimes, autant physiques que psychologiques à leur tour également, du pouvoir de cette métamorphose. Sachant le vieux Skàcel atteint d'une maladie pulmonaire gravissime, il ne se retenait pas de lui aligner les chroniques leçons au sujet de l'éternelle cigarette qui pendait à son bec. Jan Skàcel le regardait comme depuis la tempétueuse porcelaine d'un petit réservoir d'encre noire puis oscillait de la plus fine lame du souffle que le corps vêtait encore de son calame. Briseur de trêves des vents des impasses et rues de la Prague de Smetana, de l'Ostrava de Janáček.