jeudi 12 janvier 2017

Traduttrice Trasportatrice



 
 À Barbara
      
Forêt de Białowieża, bouleaux fascés de Bialovèse.

        Il n'y a plus rien, pas un gars de l'équipée Monuments Men, votre mens animi reprend les actes des rôles là où les mains de braise les enterrèrent, Barbara.

        Sondeur de terrain, splénétique tâteur de vos reins

        Grand Blanc en avant des paragonies du rouquin.


        Talc ataraxique, le biały a poussé horizontalement sur l'oïdium nazi,

        étale du sable Blutumineux, blaque bleue comme l'enveloppe de sang qui rampe au flanc d'un rorqual margi sur la grève,

        limons d'une rive moellue du phosphore de cet inaudible limes.

        À cette limonade d'idiome ozoné par l'immonde vous ne boirez pas, vos lèvres voudraient rester closes, sessiles pour toujours, faire rentrer à l'étable d'ivoire de leurs dents creuses toutes ces phrases indigènes chargées en bouche des gens simples comme les mules bâtées de la motilité.

        Tout est plat, Barbara

        "Ja, das ist das Platz


        Sortierungs Platz


        Das war furchtbar"


        Dans cet envers blanc des plaines pâlies de palissades affalées, les seules montagnes sont celles que dessinent les pulsations du cabri qui vous dévore l'alpage de la mémoire à l'étage thoracique.

        Translator in motion, tu interpréteras ton prochain comme toi-même.


        Edward Ochab, son père, a vu de ses yeux rouler les essieux oculaires du panoptique soviétique sur les rais et les stries du canon à mensonge graisseux comme l'écartement d'un rail de macula à crosse de Luger sur la tempe de l'histoire non officielle, derrière le corps vitré de la frontière, le rideau de vair de Brest-Litovsk.

        La colline a des nuques et les fosses ont des cieux.

        Vieux Füssli, les cent daims du miroir éteint en font sauter l'eau dans une mare aux symétriques fumées de tigres.

        Marina ne le sait pas, d'ailleurs elle ne sait rien, ou pas grand chose, est de toute façon trop ronde, gibbeuse à faire saliver les lagopèdes et capucins de la cambrousse, de plus son physique et sa voix ne semblent pas d'ici, lui aurait-il dit.

        La première n'a pas d'autre choix que de retirer les doigts hors la gangue de sa voix mal forée, voie de forêt fade voracement ferrée.

        Transports non mureux de la reconstruction verbale.

        Barbara Janica et Claude Lanzmann devant les Polonais de la seconde moitié des années septante empalés dans leurs souvenirs frais comme le givre sur les dents de la Bête.

        Le pavillon pâle et sang de Solidarnosc enfonce ses lèvres dans la gerce profonde du mors aux vents.

        Langage des signes décalés vers le bleu labial.

        Barbara se détend, les désemberlificote, Barbara se défend, reformule, du discours, les parties aliquotes.

        Dans les glissements de paroles, ornières d'articulations tordues, partagées entre la matière noire de la phonation des paysans polonais et la voix de Stentor du soleil blanc de la pensée de Lanzmann, ondes allongées de choreutes et de parastates chauds et froids rattrapées d'une main de Człowiek z żelaza par la traductrice cosmolinguiste.

        Tout revient, les mots malaxés se rapprochent les uns des autres dans le bleuissement d'une vitesse de souvenirs proportionnelle à leur concordance.

        Le lièvre de la pampa se fait sapin lagide et traque le chemin de racines déveinant de leur béton les troncs larmés en blocs de la tanière du loup gavée de pulpe des anciennes écorces des peuples de Ptolémée.

        Les pauvres hères de la campagne, objets célestes tout étonnés qu'on s'intéresse au rayonnement de leur minuscule ultraviolet, furent les premiers à prendre de plein fouet les neutrons d'une comète à tête et queue sales, épouvante d'une extermination d'enfants, de femmes et d'hommes de leur propre pays, qui les rendit témoins (nombreux voyeurs, baigneurs de la Schadenfreude, profiteurs accidentels -- Simon Srebrnik fut sauvé par la jeune fille d'un couple de métayers polonais --, ouvriers d'un courage trempé dans les acides de la plus grande acuité mentale qui aidèrent les Sonderkommandos d'Autschwitz à sortir les photographies d'Alex du caveau noir de Birkenau), désespérés d'être versés portion congrue, ions bibliquement déchargés sur un échiquier sans damiers tendu sur le vide, dans le champ d'aboulie à l'extérieur des cromlechs d'une secrète damnation.

        Nous savons tous ce que les nazis réservaient aux Polloï slaves, who were the real Brutes, we all know (tout en n'oubliant jamais ce dont furent capables les élites nationalistes qui chauffèrent à blanc les paysans à Jedwabne après avoir laissé ceux des croquants de l'est du pays dans un état d'arriération culturelle lorsque l'émancipation de 1863 vint polir l'habituel creuset d'une région soudain affaitée par d'autres instruments d'une mystique parallèle).

        Le film de Lanzmann, effroyablement beau, est un voyage lancé à cire de wagons perdus dans le noir des forêts de la réminiscence, atrocement belle comme la chevelure d'hiver de la sylve polonaise, dont malgré tout les trois traductrices surent faire sublimer la glace.


        Chelmno,

        Forêt de Białowieża, réseaux coffrets de Bialovèse.

        Souviens-toi de Jan Zabinski directeur du zoo de Varsovie,

        d'Antonina, la Belle Hélène des sous-sols, cigale par la pensée du ghetto d'où émet Szymon Tenenbaum la vibration de sa précieuse collection de scarabées

        Inestimables comme les Lipizzans de l'école espagnole de Vienne que Patton prit sur lui de sauver.

        Syndrome de l'épitaphe écrite sur les os et les restes de la neige lorsque le socle rocheux fondu s'est évanoui, cela fait tâche ingrate de la traductrice qui doit fabriquer, de ces sautes d'écarts de l'inordinale chimie des mots, son cardinal wordinaire.

        999,999 Luftwagons. Simon avait raison, la vision des hautes herbes, l'air du chant ancien, Ner à découvert, comment décrire Chelmno après le poème de son retour ?


        Przesuniecie ku czerwieni

        Décalage vers le fer de l'Homme du verbe

        L'Aural

        Transmission, mémorisation

        Labio-létaux hyponymes, chevaux des grottes du paronyme, surbonds en -nik, יידן résinences, les enjugaisons, le brâmmaire, l'asymptotaxe, les raccords, les pasdeverbes, les orifixes, la rebondance, le fléaunasme, les affaires de sas et les isolats de tifs coupés d'un seul pli de ciseaux en in-vingt-quatre, le dévidentiel, le nurture, le groupe hominal, la spasmonymie, la faminiforme, les salines diacritiques, les cédilles processionnaires, le Nérondif, la hache muette, l'échohâtif, le surirréel, Le cas Nada, tous instrumentaux du bialym


        La nivôse du mal humanitaire impuni

        Les germes du souvenirs ont débluté comme ça

        À la tombée de la pluie de tracts sur Berlin, la nuit au fond des combles

        le nom du paquebot (que Roosevelt prescrivit au grand océan absorbeur)

        Les seules dernières trois heures du Docteur

        Il n'a rien vu à Hélioshima, l'ombre des photons du témoignage ne s'imprime pas sur les murs.

        Un Phalanstère donnait bien leurre

        Et le change à Theresienstadt, le beurre

        Et l'argent du meurtre, tel un coucou suisse

        Il n'a pas trouvé sa matière, piètre astronaute, ambassadeur-bot, il a laissé boiter le soleil dans sa cave de Nevers

        Et le soleil devint tout blanc pour s'effondrer sur lui-même

        Les ardeurs boréales

        Brouillard de sudation animale

        Le dilatateur s'habille d'un rien des restes du tout de sa prédation

        "Absolutely to zero point,

        das war eine Masse"


        Le récit de Vrba

        Vrba possède un dit en lui, son sourire fermé verbalise un écrit qui transperce

        De Administrando Tertio Imperio,

        Tous les bureaux


        Barbara se remet à ébarber un Zyd là où s'ébrase un Zydki,

        C'est une jeune femme qui doit avoir lu tout Virginia Woolf et multiplier comme elle les esperluettes dans sa correspondance privée, en tout cas cela se sent à l'oral, on croit nettement les entendre.

        Elle devine qu'elle ne pourra pas faire passer les nuances cheminotes du discours du Pan Gawkowski, ni sourdiner aux oreilles surfines du mara les éjaculations, qu'il ne résout que béliales, du rire de monsieur Borowi, le gros au sous-pullover rouge carmin orange presque bordeaux. Les enfants jouent au football dans le champ voisin.

        Pour le cas de monsieur Filipowicz, c'est peine perdue, voile et vapeur, on ne sait jamais de quel moi celui-ci se réchauffe au milieu du courant des eaux du montage, si la chair de ses propos coule comme le canard ou s'envole au ciel tel un poisson.

        (Ce qui n'en révèle que plus au grand jour la tâche énorme à laquelle durent se coller Ziva et Anna derrière la moviola.)

        Protochronisme - rétroprojection nationaliste

        Le Nix des Sorbes, Sobibor, Babi Yar.
La barbe taillée de Richard Glazar,
les émaux fondants de Treblinka.

        Blanc-estoc et métal hâblant de la lingua nazie.

        Bourreau de la trêve des rails, le Speer de l'Organisation s'est levé Todt, taureau des matins de Hitler ressuscité de la dépouille d'un novillo écrasé sur le tarmac du Nebel hier à tête de Himmler.

        Lanzmann a beau faire de modiques fautes d'accords et manquer un peu d'endurance dans les désinences, sa compréhension de l'allemand est parfaite, on est en droit de penser qu'il se traduit lui-même dans cette langue, avec ce langage du corps qui n'épargne rien de l'autre face à lui, ni de lui à la place de l'autre, pour ne pas trahir son grand effort historique, surjouant sans effets le journaliste platement sourcier de quelque confidence faite depuis une sacoche sur le vaisselier.

        "Everything stopped by a command",

        L'anglais étincelant de Abe Bomba ne tient pas compte de l'Himmelstrasse accentuée par Lanzmann, il s'arrête à The Road to Heaven, The Himmelway, dans une dernière tentative d'ultime accord avec lui. Et revoit dans la chambre le visage de la splendide Ruth Dorfman.


        Vieille parcheminerie des blancs-manteaux de la rue

        Kloster Benediktiner

        Le Strahlungsgesetz

        Monochrome de vert et de neige bleue

        Mont Pantokrator

        Fouiller les cendres synesthètes

        Néantir

        Constater au poignet par acte authentique

        Le grain de son pouls dans la prolongation du train à moudre

        Les indicateurs chus dans la chaux vive verticale des flammes d'un chai du soleil aux vignes insues

        Sporen gercées, reflets dans la vitre vert bleu blanc procès rouge

        Représentables pigments de l'irrécouvrable

        Travelling de Kapo - travelinguisme

        martyr en grec témoin de la littérature de la Shoah

        Dyalise de la triade Lanzmann-Karski-Haenel

        Non mon vieux, on entre au royaume des morts comme dans

        Ellis island par un mouvement arrière du regard du beholder, auresco aurorance désorphiée.

        L'aspiration de la statue de la Liberté par la chambre obscurcie délicatement au passage des orbites fondues sur le visage bleu du résistant polonais jusqu'aux miradors d'Auschwitz, puis les cheminées de la Ruhrgebiet et les tuyaux d'échappement des camions Saurer, n'indique rien d'une translation vers la Toteninsel, c'est un magistral salut cinématographique au Déviathan, baleine blanche d'un écrivain d'une ville chrysalidée, déviée, qu'aima tant la chère et tendre dame du réalisateur. Dans le dévissement du temps, les ricochets de la Bièvre patagonne disparue, la phobique attraction du raccourcissement des cols de cygnes, transparaissent les contre-filmostopies à la neige gravide, périhélie toujours à la mâchoire du monstre froid.

        Ne ment pas un corps de langage que dore Sikorsky de sa raideur aristocratique


        Lancement du Langsam del Devasto et du Nausicaaenel de la Nausée au Nouvel Havre des Ménades

        Théodicée de Johnny that talks too much 
        Monsieur Witold n'a pas le glacial des yeux sur la langue, Varsovie n'est pas un ghetto pour la montre,

        The emotional creak du chargeur changeur de monde.

        La blancheur des planches,

        le plancher partit en fumée entre le travelage de la Route Noire.

        Loi du déplacement, constante de Wien,

        incandescence dépendante du rayonnement du corps noir à la longueur d'onde

        Néantir. Nantissement des biens incorporels.

        Le cheval qui boit dans son blanc. Naseaux d'une autre couleur que la robe

        Normally white - transparent dans la tension électrique aux pixels (ou contraire : opaque noir), écran à cristaux liquidateurs

        La longue érosion des débords de la couverture que l'on a tirée à soi

        Sortir du noir

        Aleph tav, la marque sur le boeuf

        If all you have is a summer, everything looks like a snail

        White slope


        Reichsministerium Ostgebiete


        Archives nazies gardées au frais par le régime soviétique jusqu'à sa déconfiture

        Saül Friedländer, Anna Bikont de la Gazeta Wyborcza, ma mère me dit que Francine Kaufmann emploie une langue trop châtiée pour rendre l'hébreu israélien de Yehuda Lerner.

        Je lui dis penser qu'elle essaye de s'approcher au plus près du transfert de cette magnifique chaîne de récit qui jaillit des yeux du rebelle de la fin de journée du 14 octobre 1943.

        Qu'Elle semble préférer conduire à nous l'intelligence vive du témoin, en spécialiste de l'exégèse rabbinique qu'elle est, Metourguemane de la traduction audio-visuelle (la TAV comme ils disent), championne de l'exercice midrachique, orfèvre de la responsa.

        Kultura. Magasin blanc des feuillets des hivers vides à balle creuse. Je retourne boire le film au Muranow, au centre-ville du puits du souvenir de la soif. (tapé du 10 au 15 novembre 2016, entre quatre ou cinq diffusions du film Shoah, tard le soir ou la nuit.)

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