lundi 22 juin 2015

"Do you still reckon so ?"

It's the economy of the flag, stupid


Tous les gros messieurs me parlaient chapeau bas.
403_ Le haut-de-forme de Lone Watie, Chief Dan George dans la chapellerie vraie de la vie,
lui donnait une perspective sur les choses, une vision acérée de la situation,
pour démêler le pour et le contre du grand tout des avis.
Qui verrait l'un de nos présidents, si l'on se contente des Hollande et des Sarkozy,
se faire pousser le couvre-chef de Lincoln sur le caillou,
aujourd'hui ?
Le sol à cet endroit du cimetière des idées est beaucoup trop putréfié et crie grâce dans les rôts consommés, vents de saturation.
C'est pour cela qu'ils préfèrent la pousse négative qu'impulsent vers la terre leurs talonnettes comme les racines des jacinthes d'eau voguent invitées par les îlots de mousse et flottent leurs convictions sur le bayou.
Quelques jours avant que le desperado Roof, idler d'une minuscule Troie, n'assassine neufs chrétiens de l'église de Charleston,
je revoyais Josey Wales manifester ses moments de "reckoning",
crachant à point nommé son jus de chique,
sur la tronche des bounty hunters morts pour l'errance,
effacés pour toujours de la surface par les solvants de l'ignorance et leur acétone,
sur le museau des chiens bâtisseurs mais corniauds, toujours suiveurs du valet, Verrier de la Conterie en vénerie, possesseur de la meilleure pique,
êtres assoiffés de lois, de lit de justice et du lait de la bonté humaine tels qu'on peut les enfreindre, rendre ou sucer sans risque par exemple aux bouts des énormes seins de la femme que peignait De Kooning.
Josey, chassé par les Redlegs, milice à dragonnades de l'armée des Ventres-bleus vainqueurs,
cavalcadant le centre et les bords d'un film sombre somptueusement photographié par Surtees,
a des tranches de mots très durs sur les carpetbaggers
et les scalawags, des antirépublicains du Sud la hantise.
Plongé dans les souvenirs de l'Outlaw et ses images, j'assistais muet, alors que son éloignement même en aimantait la présence, à la magnifique
cérémonie de recueillement et de réparation préparée par des familles de Charleston et de son voisinage,
je me repassais mentalement les textes des interviews de quelques uns des leaders historiques du NAACP des droits civiques
dans lesquelles ils disaient que le fait de s'armer et de l'avoir fait savoir hors les cercles de l'entourage
leur avait sauvé la vie, avait peut-être empêché les incendiaires d'églises de commettre leur forfait...
Dans le film d'Eastwood (commencé par Kaufman qui fut démis, comme un jacques), les noirs américains sont les grands absents
(le scénario fut tiré d'un livre écrit par Asa Carter, un ex-pharaon du KuKluxKlan contrefait,
c'est lui qui rédigeait les discours du gouverneur Wallace, les gens
de gauche oublient toujours que le racisme blanc était d'essence démocrate, comme le parti du même nom, instance du bien, répartiteur des bienfaits,
la confusion atteignant peut-être un pinacle lorsque le groupe Lynyrd Skynyrd eut vent
que Neil Young, hier grand faucheur d'idées reçues, aujourd'hui semeur d'onanismes politiquement gélifiés, dans son Harvest, clouait au pilori
l'état de l'Alabama,
I heard old Neil put her down, la réponse fusa dans une chanson endolorie,
qui d'ailleurs finit par retourner les vestes, embrouiller même ce qu'elle amalgama.)
Peu importe que je sois pour la descente du drapeau confédéré
des mâts des bâtiments officiels,
ce Confederate Flag est bel et bien également un témoin historique considéré,
parfois pour les raison les plus viles, pour d'autres qui le sont moins, qui soulèvent en tout cas à chaque fois des questions préjudicielles.
C'était le drapeau personnel de Robert E. Lee
(pas très chaud, est-il de coutume d'entendre aujourd'hui, de devoir lutter pour des principes moraux qu'il réprouvait,)
celui de l'Armée de la Virginie du Nord, pas celui du traître mort dans son lit, Jefferson Davis, responsable de presque un million d'endormis et disparus dans les cauchemars qui chaque nuit sur lui leurs morceaux d'ombres repleuvaient.
Les Sudistes de la Reconstruction surent habilement se servir
de ce miraculeux lambeau d'étoffe.
Symbole de la résistance à l'oppression du méchant nordiste venu les asservir
(alors que sur place la garnison de Grant ne comptait plus que 6000 hommes sans aucune kalachnikoff
ni beaucoup plus de carabines, en 1877, pour surveiller une population de près de 10 millions d'habitants dont 6 de blancs et leurs représentants qui trustaient tous les postes de triumvirs.)
On lyncha (et cela rappellera les sinistres Chemises rouges du conflit) pas mal de fonctionnaires honnêtes qui voulaient le bien du pays,
sous le seul prétexte qu'ils étaient républicains.
Tout cela ne s'apprend plus dans les écoles des nations spécialistes en récits
légendaires qu'on vénère et qu'on transporte partout dans les jeunes consciences en palanquin.
J'éteignis l'écran avec le petit goût de la chique de José
dans la bouche.
J'avais envie d'un peu de beef jerky à partager
avec un indien loner, une Laura Lee ou ma squaw préférée,
je remâchais dans ma tête les mots échangés
entre le Cavalier Gris et le chef Yamparika comanche Dix Ours qui soudain couchent
sur le papier de sang des paumes de leurs mains
la trace indélébile du contrat des futurs de la vie.
Je me croyais dans Peau d'Âne, les oiseaux-mouches
me coiffaient du chapeau du Lone Watie,
je passais les portes du Conseil d'état sans faire tomber les murs,
ni ne me cognais les cheveux.
Unforgiven et Pale Rider pour les White Supremacists
je me fichais éperdument du nom du cheval du président et de celui de tous les autres statistes.


I can feel your politics sneaking up on me