vendredi 17 avril 2015

Anicée 1975




387_Vous tendez la clef du sauvetage
à tous les matelots 
retenus prisonniers dans la cage
à homards du chalut féministe,
tanguant de toutes ses rages,
 sur les flots
de mauvaises ondes Martenot,
divine Laure des alevins anisés iranistes,
or d'antan d'un nouvel âge

Ou l'Alvinorama.


Alors même qu'un célèbre philosophe transforme tous les Hommes de 2015 en anguilles titubantes, comme des historiens évolutionnaires sans néo-Histoire de l'évolution, lampridiomorphes sans proies se les gelant dans les ascenseurs pour l'échauffement des sens et des coeurs, dans les échelles et passes à poissons de la passion du franchissement des barrages et des coraux du bonheur, disparus ou disparaissants, dans les coups de queues de la célérité stoïque abondante, innés et requis par leur nature serpentiforme les palissadant jusqu'aux sources des vieux anneaux du Lycée péripatétique des villes et des champs, depuis au moins Ève et Adam, Anicée Alvina nous rappelle les femmes qui renversèrent le chemin du fleuve sans quille anguillo-humain et qui changèrent l'âge et l'âme de ses fluides, en shuntant l'amont pour l'aval, sur leur axe directionnel (aimantant à fond de cale le crépuscule des Ombles sans fanal), par la précession des Océanonoxes refondant -- précision de leur toucher sur les rouches des rives de nos solstices dans la pression de leur coucher --, toutes les anciennes processions d'ancres rouillées et de goëmons verts des civilisations nées aux antiques frayères.
In memoriam Anicée Alvina 

Le Style c'est l'homme qui cherche la beauté
disait l'Anicet,
les yeux dans les yeux de monsieur Ajamais.
Requiescant in pace
les Dulcinées calcinées
dans les toiles volées au pescador
Bleu comme l'amer
transparent comme le verre
du pistachier
et du sacré sirop looch
qui baigne le comptoir des arrière-bouches.
C'était le temps où l'on buvait encore
l'absinthe létale dans des vases moloch,
où la femme, pour le pintor qui la touche,
se faisait tuyone et fenchone de petite mort
dans le corps et l'âme qu'elle macérait.
Chœur de la douleur acéraine :
Tous, à la Comédie comme au cinéma,
d'Oceanos à Thétys, dans les alizés
d'Anicée qui lissèrent la colère des Lyssa,
burent le calice du chaos décristallisé
jusqu'au bout des doigts de la déesse Nyx.
Les actrices que le point de nuit dépassa
entrèrent en pinasse à Venise, démasquées mais grisées
par les limons et les lises, des pieux aux toits,
qui recouvraient les palais, édifices assommés, de nouveaux antéfixes.
Votre corps hantait les robes.
Carnage de la sarx d'Europe,
spectres de petits signes,
infimes accents
transparents dans les lignes,
frimas désaxant
l'usage et l'abus des tropes.
Vous aviez la chair sur les mots-érignes
à la brume de votre visage qu'enrobent
les nets apicès irrigués, traits ignescents.
Vous aviez les mots sur la peau,
glissants comme des cygnes.
Manque de salive, mutisme acescent,
se rendent, alors que lèvres gobent,
les chevaux des eaux
à la bouche qui galopent.
Chœur de la douleur acéraine :
Je voudrais être un garçon de 1975,
donnerais cher qu'on m'en double la peine,
voir votre âme briller,
émettre son souffle
entre Balzac et Robbe-Grillet,
voiser leur
Norouz sur voiries de la nuit iranienne,
sans que l'amour propre d'aucun ne boursoufle,
ressorts remontés à l'envers dans le temps gyroscope,
cornée lacérée dans la laisse du nouveau jour vrillé,
fluor qu'os emphosphore, rendu nyctalope
aux bons soins de l'Hôpital des Vingt-Quinze,
venir, aussi vite qu'une amphore cendrier
ventre à terre sous la cigarette grillée,
vous chercher dans une caisse américaine,
vieille Opel Manta, ou Lancia de Carlos Sainz.
Vols des Ys désenglouties
au-dessus des thalles
de la grande algue de l'océan,
Régalec au régal 
maître de céans
à la gorge du lys des avalés.
Par les allées du Djinnécée des anis du ciel étoilé,
les femmes en Levis 
réaccouplent le pas des hélices
dans la spirale des villes aux vergues calées.
Le Signore senza camelie
bleuissent de froid au buffet des outils
producteurs d'alevins dans les jupes du cinéma des abysses.
Chœur des sirènes pleureuses et des gardons manqués :
De tal palo, tal astilla,
les requins bouledogues
ne font pas des poissons chats,
dans les castings, on ne parle plus vieux-persan, hazara,
ou langues analogues,
aucune statuette de déesse n'est du bois
de l'Océanide Alvina, tombée du
Γυναικῶν Catalogue.
Bastonnons les silures
qui enferment les ablettes
dans la séduction à toutes ses allures,
et rayons la division genrée des tablettes,
défrayons des naissains féminins la chronique,
composons les becquées mâles de larves planctoniques
martelons les guipures
au col des conciles des futures Anicée,
ne concédons rien aux fastes niçois décrits par Smollett,
de nous bassiner
qu'on arrête,
tel l'ex gardien de la Baie des Anges agiles, David Ospina,
stoppons l'idée de fille sur le sein plastron de notre armure.
Je regardais hier soir Sepideh
devenir astronome du ciel
de Téhéran.
Puis écoutais aux aurores la radio dévider
la notion des deux beaux sexes qui constellent
pourtant
l'envoûtement céleste, extraordinairement speedé
dans les lenteurs de son positionnement apparent.
Caroline s'en voulait de ne pas aimer assez l'Habib aînée.
Claude, en vraie Claudine, devant celle
qui voulait du hasard de la création abolir les dés,
faisait rengainer le revolver défourré dès
l'apparition du mot naturel.
Je repensais à vous, Anicée,
vous la civelle devenue femme,
l'Eve avril des Vénus,
la Virginie recueillant les quatre sangs aux cous coupés
du soleil Shams 
dans la néguentropie de la vie des Hommes et des Négus.
Comment d'un seul geste de flamme
vous ré-empoissonniez les lacs vidés par tant de blocus,
imprimant à nos coeurs une grande affiche rouge
that made our wild thing move,
lorsque plus rien ne bouge.
Chœur des Anicet devenus des femmes conformes aux non-autres :
En France,
tout fomente et tout manigance
dans la fonte des débats mannequins
d'agendas cachés sous la panse de manchons,
cirés jusqu'à la transparence,
en fourrure de requin,
dont nous nous endimanchons.
Que l'on nous excuse ou pas d'être sans merci,
n'en avons cure, têtes de l'art, sommes encore en enfance,
on attend notre commerce au café de Commercy.
Votre Canis Major
passe à nos antiméridiens
vers midi,
comme une orphie,
un poisson-vince anisé par l'azur
de l'Océan panIndien.
Meilleur que le poeta pejor,
Alvan Clark, l'astronome d'Evanston,
redécouvre de votre Canopus les évasures,
capture de ses yeux le vent solaire à sa sortie.
Sirius A, Sirius B, sang binaire que le coeur pistonne,
dans les poitrines des actrices valvulées à la feuille d'or,
sérieusement olvidadas de l'habit stellaire au vestiaire circadien.
Et l'or d'antan investit vos iris, lumière vénissée, à leurs douces micro-fissures.

À l'époque le plafond de verre que devaient se coltiner les actrices était un mur de pierre vertical bouchant toutes les fenêtres. Anicée Alvina savait par sa gestuelle et le jeu de son intellect promettre à ces parois, sourdement épaisses parfois, festin de craquelures de feu pour tous les schistes de leur mortier qui, dans la jouissance retrouvée du plaisir de la lecture des petits bouts de lumière dans les fentes du jour, accepteraient l'épreuve de la fissure, rite de passage, infiltration du hasard, sublimation du dévêtir-soi de l'amour.