dimanche 21 décembre 2014

Jujube's Jul

Ἀγλαονίκη  de la lune orphique
Juliette des esprits
Déesse Chang'e des changements d'anges de l'optique
Kind of blue spirits



Pour Juliette

362__J'ai toujours aimé les Comanches,
belle nation de coryphées,
chantres du hautbois des Orphée
dont je me rédimais les anches.

Jamais je ne fis se retourner les dimanches

et détestai souvent répandre l'or de la lune,
dont je savais le poids des eaux à la palanche
quand les amants devaient les porter à grand'hune.

Jean-Paul Sartre gentiment me tirait par la manche
et déchiffrait du blanc mental le braille des runes,
dix-huit ans, sauvage comme la bruyère et la canche,
je changeai les fillettes en femmes, astres sur les dunes.

Depuis toujours j'aime les Comanches,
qui montent à cru les chorus nés
des trompettes à piston Périnet,
au souffle des bisons sans revanche.

Un jour que le long manteau glissait sur mes hanches,

trouvai cave gavée de voûtes, boyau d'un tunnel,
j'en brisai le cachet et, comme le fit Buñuel,
découvris l'oeil avec un couteau par la tranche.

Puis Miles vint, débarqué du Havre ou d'Avranches,
bleuter l'onde d'un festival du jazz à Pleyel.
Le rejoignis, comme jadis les gens vers Fayel
fuyaient les Normands aux souterrains de craie blanche.

Ne me quitte l'amour des Comanches
galop du chant, leurs chevauchées,
j'aime les fontes et les avalanches
à leurs zones de sismicité.

Aujourd'hui je vois la source du Rhony, qui branche
la Longua Aqua aux marais du grand Sacy,
démêler les hémanthes semés à la course franche,
comme des narcisses fondus au noir de ses lacis.

Je conduis les Euridyce dans le train qui penche
aux virages et transporte les visages par cassis
et fossés des abscisses de la mémoire qui flanche,
je garde une place pour Orphée au fond d'un taxi.

À Verderonne vivent vieux les Comanches,
les Cégeste ordinaires ont yeux fanés,
Jean Marais avait gestes tannés
à la manière du luire étanche.