jeudi 13 novembre 2014

Lettres daixiennes

Daix et le Litterarum Dux
vus par xlew.




"Il ne faut jamais se fermer sur ce qu'on croit avoir appris."
Pierre Daix, "Dénis de mémoire", septembre 2008
 
Au jeune homme du 8 novembre 1940
356__1956, год на год, bon an, mal an, mol an ballant, sonne en France le glas du magistère moral du communisme fort en odes. Le bolchoï Moloch de Moscou, bien que ne cédant pas, sent qu'il mord la poussière de toutes ses dents.
Les Fascistes de Budapest, ploutocrates insectes soutiers de l'Amérique qu'ils décodent, viennent d'être écrasés par les morses vifs du prolétariat toujours triomphants dans les rues envahies par les rats de l'Oubliothèque, spécialistes en amnésie, de la brune peste.
Les Lettres Françaises habiles, éternelles amies d'un cadavre de montagnard géorgien matriciel pourrissant depuis trois ans, sans qu'il bouge, sur le carreau hâve et macabre d'une Place aux enchanteresses marques de l'Histoire officielle et rouge, rhabillent d'un fil, derrière leurs écrits de fumée thanatophile, la nue vérité, à l'abri des anciens paravents.
Pierre Daix, tel à mon humble avis semble, ne s'attendrit pas devant les pâmoisons internes et les perforations sentimentales, toutes ces hémorragies imaginaires et belles qui rendaient blêmes les sourires de façade et fiers les rictus en berne de faux-malades, des Mona Lisa du Parti à l'orthodoxe pedigree cher aux doctrinaires. Un jour il faudrait prendre son parti du mauvais gré et bien s'en aller parler de la folie de la pensée nucléaire infestant, mensongère, cette mentale ex-Nouvelle-Zemble. Il en devint le Galaad.
Son âme de résistant de dix-sept ans montrait qu'il n'était plus chez lui à la table de ces grégaires et fades Aurélien, feuilletés des beaux quartiers de noblesse idéale, au bal des cloches du communisme cyclopéen. 
Je le vois comme un cathartique Ulysse de l'honneur contemporain, quelqu'un qui, retrouvant balises et Argos, déclenche la soif de meurtre symbolique chez ses anciens compagnons de militance prompts à charger la valise et traiter quiconque dévisse du foyer de la commune transe, Agôn atroce, de vipère lubrique ou de chien. 
Mais l'être daixien prend cause pour bien plus. Il nous conduit sur les chemins de passions pristines, très éloignées du champ politique soviéto-russe, l'art, la musique et la philosophie ne sont pas que rustines, des choses que la ligne du Comité veut précipiter sous les roues des bus. Elles seront les forces de la voie vers son Sakhaline, l'isthme d'un souffle, par delà les algues et les mousses, qu'il nous fera passer sur le cou comme un intelligent pneuma, l'instant frais d'un mot sans -isme à la fin, spirit of the truth.