samedi 16 août 2014

D'épaule et d'aile

339__  Amer choix : Aimer son blog de toute la force
de son endurance

ou lui donner une entorse
et partir en vacances ?


"Blog en vacance,
écrit en grosses lettres
sur le mur, invitait les passants
à pendre leur chemin de patience
 à leur cou,
pour le laisser paître en urgence
dans l'estive de quelque fenêtre
ouverte sur l'estran
 d'une béance,
reflet du mystère de la rivière Maine,
de huit semaines,
avec vue sur Le Faou."



Les gens, inclus les habitants de la planète Zog, ont fort bien conscience de la charge que requiert d'un blog la lieutenance. Ils ont aussi le droit d'exprimer la prescience, à la divine puissance analogue, qu'elle ne peut prétendre à vacance. Les blogueurs ont aussi des devoirs qui les avancent, la transgressive envie d'embrasser des écrevisses de la rivière Sog, d'électrolyser par la queue des homards bleus en transe, de dévorer des escargots et de sucer des cuisses de frogsn'est pas l'excuse qui vient répondre du désir de fuguer au point de tangence. Les blogueurs font preuve de beaucoup d'assurance en rédigeant leur propre Décalogue. Que l'on sache, Tu ne blogueras pas pendant les étés de la flamboyance, n'est pas gravé en lettrines de voeu sur les couronnes de leurs chapitres couleur garance. Or, "Près-Loin" était en vacance et laissait ses lecteurs sous le pont d'une ombre vassale du fantôme des docks de Port-Navalogue, enveloppés dans les trempes de la titubance du smog, drapés jusqu'aux eaux dans la fumée des hélices de la traîne de l'été, par transparence. D'épaule et d'aile, l'archange avait volé vers l'ouest comme un oiseau s'élance, son blog n'avait pas migré vers cette autre plateforme aux étranges catalogues, il est resté sur son socle et n'a pas mis sa démission dans la balance, privé de voyage, il garde ouvert l'oeil de la voyance, rayé des cadres du travelogue, il rêve à l'inaccessible Mont Analogue, les Paul Edeliana sont comme les Americana de la post-moderne Renaissance, mais à quoi bon être à son poste lorsque l'amiral commet une absence pour voguer à vide abyssal vers les bords de l'été dont la météo change à plaisir tous les logs ? Les UrBlogger racontent que les blogs vivent mal ce défaut de relance, certains ne supportant pas de voir affrétée la cale sèche des loisirs montés nus sur les collines de l'inconstance, à la grande hogue, ne se remettent pas d'une situation qui ressemble à l'hiver, faute de repentance, et vont jusqu'à se perdre dans la lande de Basker ou Villerville, ou celle de Deauville, (dans ce cas précis guidés par un élémentaire principe de prudence), chassés par la brume au souffle des dogues. Maïmonide nous l'avait dit, il y a deux sortes de blogs comme il y a deux classes d'anges qu'il encense, les permanents et les périssables, seuls les premiers résistent à la penance de la pression d'un site déserté rendu à l'inactivité des pascals et des millibars d'un vide pendable sans conductance, c'est ce qu'il appelle l'effet Casimir, aux dures conséquences, pires que celles des images montrées par Carpenter dans son Fog, sans parler des séquelles de La Fin du monde, d'Abel GanceLes commentateurs viennent consulter la page d'accueil, tous sens en éveil à force de lutter contre l'aimant des écueils, et s'agglutinent dans la salle d'attente avec la thermos d'un bon grog, les femmes chavirent, se dévêtent, fondent lascives sur le divan en l'absence du maître et s'endorment écrivant dans leur tête des poèmes à la gloire d'un rogue Eros, héraut de nouvelles romances, les hommes humectent leurs lèvres et livrent lecture de fines églogues, ils ne pensent qu'à verser laitance de leur intellect rendu mol dans la colle de jours d'été qu'on jurerait nordiques venus en pirogue depuis Copenhague ou même Elsinore, selon leur consistance sinon leur prestance. Les ombres danoises dissolvent les bogues de la lumière grainée en petits lacs de tumescences que les murs renvoient comme l'hévéas de l'arborescence des sephiroth, gris-glacier, teinte sublime de la Hochma et des limousines allemandes vendues en France, l'interprétation de ses faibles commas, l'intelligence de ses fines luminances, deviennent une drogue. Le propriétaire des lieux eut beau fermer l'eau des canaux de l'habituelle fluence, quelques fuites se produisent dans la soute où frétillent encore de jeunes commentaires nageant dans le jusant d'une ebbe en partance vers la terre des géants du roi Og, Deus ex-Sàbahot de la loi, souverain des blogs en manque de foy, abandonnés aux sables mouvants du temps des étés de l'ancienne concordance. Nos aînés écrivaient pour des âmes vacantes, comme l'encrait un Sartre an-idéologue. Blog en vacance, parti dans l'air de l'été, sur l'aile et la branche de sa brittonique Armorescence.