lundi 9 décembre 2013

"Esterre à ficaire" (Nouvelle traduction du fabliau "Star Star" des dramaturges-troubadours du XXe siècle, Jagger & Richards, proposée par une réunion de spécialistes en médiévalisme archéo-contemporain de l'université de Tours.) Prière d'insérer rédigé par le team éditorial de la Pléiade.

(Cette nouvelle traduction efface la célèbre version qui s'intitulait "L'Austère faite à coeur..")

276__Baby, 
baby Hmong, 
je ne lis plus Sade depuis que vous êtes partie précipitamment en tongues,
rejoindre les filles de New York City qui vêtent leurs pieds de Louboutin,
à semelle rouge comme l'est teint au Tonkin,
l'élégant fleuve du Yunnan né des oeuvres du dragon d'avant le barrage de Honghe,
Il se jette nu telle une prompte ficaire dans les fibres de l'onde des bras de la baie d'Hâ Lòng.
Vous aimiez tant observer, dans ses bouches, les fluides mélangés à l'ombre des rotins.
J'adorais vous cuire en dessert, dans les mêmes parages, de la crème aux oeufs de cailles,
que nous mangions, grands gourmands, tout au long de la nuit,
nous mentant au sujet du monde qui n'existait plus ou presque pas, calme, sans bruit,
à force de respirer sous l'eau avec une paille, &cetera.

Mon chou, 
mon petit chou,
appelez-moi sur ma phablette si vous n'avez plus mon téléphone.
Avec la reconnaissance vocale Dragon, je ne crains personne.
Je suis toujours votre phat-phap, de bout en bout.
Je sais bien qu'un jour vous saisira la nostalgie du pays,
que rien ne remplacera, en nature, la faune et la flore de Hài Phòng,
surtout pas le noir bitume de la City qui sulfate tout Brooklyn et le gentrifie.
Méfiez-vous d'abord, je vous en conjure, des lits à guitares,
dans lesquels de mauves Ishtar, reines des boroughs et des venelles,
voudront vous entraîner le soir jusque très tard.
Votre beau sitar de feu tant fait corps avec votre coeur en or,
que maints voleurs, sous prétexte d'en couper les feuilles avec ou sans accord,
en lacéreront avec les dents le psautier personnel.
Ils vous acculent et vous cernent, 
ma souple renoncule.
Cela me navre et me noie le Verne,
à me donner envie de scier en morte souche une pendule.

Oui, car vous êtes une jeune plante aimant la musique qui prend racine dans les esterres à ficaires, esterres à ficaires, esterres à ficaires, esterres à ficaires, esterres à ficaires, esterres à ficaires, esterres à ...

Suis-je bête, vous tenez à clipper tout l'ordre des possibles dans le doux creuset 
des atomes de votre clinamen,
et les appétits des estellaires les plus avides n'y pourront rien, ni leurs prières ni leur Amen,
ne trouveront ventres favorables, s'y perdra l'âme des plus audacieux daguets.
Prenez garde aux Raminagrobis, qu'ils soient à poil ou à plume,
souvent, ils ne savent plus où donner de la tête,
et cherchent à soumettre à l'estive maquerelle, déguisée en fête
sous des couches de sonnailles trébuchantes et lourdes comme l'enclume,
d'innocentes filles touchantes au son de la cabrette.

Certes oui, mais vous êtes forte, car vous êtes comme la ficaire des estuaires, parfaite et à l'aise dans la Baïse comme sur l'estran des esterres à ficaires, esterres à ficaires, esterres à ficaires, esterres à ficaires, esterres à ficaires, esterres à ficaires, esterres à...


©opyright Université de Tours, 2013.
Avec les contributions des professeurs du département de Littératurologie compariée, Jean-François Grenier, Jean-François Lebarn, Jean-Fabien Lacave, Jeanne-Hélène de Baisement, Jean-Pierre Comble, Jean-François Aménageable, Eric Attic, Yvan Soussol, Joan Mansarde, Jean Latuile et Jean-François Le Tect.