samedi 20 juillet 2013

In memoriam J-A L.

232__Guillaume Apollinaire en avait assez de la guerre, il sentait la grippe s'acrocher à l'alvéole de sa boutonnière. 
Cette salope était entrée par la fenêtre que la bonne laissait toujours bailler à l'espagnolette. Elle n'avait rien 
de Céleste, la bonne, ce n'était pas le beau chignon de miss Albaret que ceignaient ses barrettes, elle avait un côté 
parfaitement trop terrestre pour être l'honnête fille de Nègre native d'Aurillac, et son mari n'était pas prêt 
de conduire en Cadillac rose les longues proses d'un Marcel aimé jusque dans ses lubies superbement 
dionysiaques. Alors Guillaume décide de quitter la scène, de partir en fumée dans le lit de la Seine, 
dans la combustion spontanée d'un feu pyralène, il bat des ailes et jette à la mer pas bleue du ciel phalène les ultimes 
mirabelles de la dernière bouteille aux alcools d'aquavit lapon qui l'ensorcellent. [comme Yves Klein, il a coupé 
l'ipon, enjambé les thons collants des bas-fonds], Il a volé dans l'air léger sans tomber par terre enragé, il n'emprunte 
pas la route par laquelle fauta Voltaire dans les itinéraires de son mauvais caractère. C'est la banquette arrière 
d'une Chrysler rose qui reçoit sa chute, la capote était déchirée, le cuir des fauteuils salement lacéré, 
mais rien de fatal, [les sièges sont conçus pour amortir les chutes des angelots et des enfants des immeuble qui n'aiment 
rien tant que sauter dans l'inconnu qui ressemble à l'innocence des veaux] rien de fait pour accélérer 
la nécrose des tissus en rut prêts à passer avec peaux et bagages dans l'au-delà au septième ciel défoncé qui 
pourtant les cire à neuf et en voeuf les mute. 
Jack-Alain était au volant.
Passant qui roule, passant qui trace, ôte ton chapeau 
sur le passage du corbillard à la Chrysler rose qui du train arrière chasse, à cause du faste de ses roues voilées, 
les Diane-Sally et les rousses rouées, les Lou et les louves du Louvre pillé, dans la forêt des voitures rouvres 
des arbres à cames de Paris, offre ton visage, passant contrit, sage et concis, comme sur les avenues les rangs 
d'érables, comme s'il était mouillé de la peinture d'un de Vinci, soit labile des lèvres, dévoile la jante nue 
de ton sourire tordu, de la commanderie du Roule jusqu'à Sèvres, émet le petit son d'un sourire qui grince 
comme grincent 
les roséoles à ressorts des amortos de la Chrysler rose qui emmène Guillaume et Zanzaro vers le faux dépôt d'une fosse imaginaire. 
Monte dans ta 403 Peugeot et peins-là en rose, fait mentir Sartre et prouve-lui que tu sais te conduire avec la grâce d'un éléphanteau à l'aise comme un prince dans les couloirs de son adipose.