samedi 14 juillet 2012

148__Once upon a time, vers juillet 1789, le souci d’hommes comme Calonne, Necker, ou Loménie de Brienne, n’était pas de finir un roman, en bouclant par accident le chapitre royal de l’histoire de France, mais tout simplement de chercher comment réunir un froment, une livre de froment, un quintal de setier de froment, dix mille muids de froment.
« le froment, le froment, vous-dis-je ! », répétait Necker au roi Louis XVI, en hoquetant sous le froc.
__Les Français, comprenez-vous Sire, sont devenus des fanatiques du pain blanc.
Si vous ne vouliez pas vous retrouver avec deux cents Maurice Thorez sans-culottes manifestant dans le parc ou pire, sous votre balcon, à la Cour de Versailles, il fallait savoir faire germiner une trêve depuis les grains fondant d’une gerbe de froment. C'était les incontournables termes univoques d'un pacte explosif qui agissaient comme des stabilisants.
On n’avait pas encore inventé le froment numérique à l’époque.
Aujourd’hui, on l’oublie trop souvent, bien installés que nous sommes dans notre confort de lectrices et de lecteurs d’e-romans blancs nourrissant bien leur homme au son du froment le plus concertant ; en nous fomentant des petits pains de lecture dont nous prenons volontiers les esprits de levure pour agents comptant, la virtuelle texture des invisibles boulangers de l'écriture ne fait plus sentir son craquant lorsque la croûte du narratif exigeant des récits du temps passé nous arrive sous la dent.