samedi 14 juillet 2012

149__Faut-il ne pas avoir peur de savoir circoncire une terminaison, pour un écrivain, sous peine de laisser son esprit se faire circonscrire par la circonspection et ne jamais pouvoir finir à la maison son roman.
Car tout de même, la raison du danger n’est point de finir mal mais de finasser inconséquemment. 
C’est pour cela que l’on voit beaucoup d’hommes de lettres se caresser ce qui propulse leur inspiration à quelque moment propice de la journée du travail d’écriture, afin d’en bien tâter le bon fonctionnement. 
Qu’ils en aient ou pas, il faut toujours qu’on les voit précis, se secouer l'endroit secret, près du pouce en précipice dans la paume de la main ou en belvédère sur le muscle fléchisseur de la remise au lendemain, à l’instant même où ils se projettent, mentalement nus et transpirants de transparence, sur la page, blanche par le vide qu'émet sa pâleur, comme un bâton de sperme de baleine le ferait sur des lèvres gercées en apparence, de froid et d'humeurs de soleil. 
C’est ce geste salvateur du pouce ou de la main, on ne sait pas très bien, qui agit comme un véritable propulseur — que savent utiliser si promptement aussi les Aborigènes d’Australie —, et qui décide radicalement de mettre fin à l’inféconde tergiversation graissant la patte aux conversations intérieures qui deviennent autant de malversations prêtes à se renverser les yeux vers l'extérieur ; l’écrivain saisit alors son Conté 2 B ou sa souris, maîtresse de son clavier, et pond son papier (généralement un papyrus égyptien qui a perdu son instant propice depuis longtemps), allègrement soulagé du poids de cette chair rentrée, à l'osé présupposé tressé dans un berceau d'osier flotté.