samedi 29 octobre 2011

8__Il y a de nouveau quelque chose de fourni au royaume de la moustache française.
La moustache, cette traîtresse, avait été, on s'en souvient, théâtralement condamnée à mort dans les coulisses d'un film d'Agnès Jaoui, Le Dégoût des Désautres, et on la croyait trépassée à jamais; les poils danois et norvégien avait été brûlés à la faveur de la flamme vive d'un coup de feu d'Hedda Gabler-Clara Devaux, l'actrice professeur d'anglais, aux cours privés de bon aloi.
Dans un nuage de souffre roussi suédois, le pileux ornement s'était vu évaporé, la stiff upper lip de Jean-Pierre Bacri renvoyait désormais fièrement l'éclat de peau d'acier d'un champ labial rendu à la netteté glabre, celle du néo-bobo ayant fuit pour toujours ses oripeaux d'archéo-beauf  insatisfait.
le sabre rétracteur de joie primaire à la main
Les didascalies capillaires ont pour elles qu'elles sont simplissimes dans le théâtre JaBaïste, comme dirait Alain Resnais. 
Or, voilà qu'elle réapparaît, fin octobre 2011, sur le visage de Marc Lièvremont, l'entraîneur de l'équipe de France de rugby en Nouvelle-Zélande, au pays Maori de l'antépoilisme galant
Voilà qu'elle redevenait 'hip', par les canaux et les tuyaux de la magie du ballon-huant.
L'air antipodien lui fit le plus grand bien.
C'est Fortinbras marié à Alice qui nous invitent aujourd'hui à la la célébration de la renaissance de poils qui poussèrent sur la lèvre antérieure de Lièvremont comme un Norwegian wood poussa jadis dans la baignoire d'un autre - illustre - théâtre, d'une toute autre puissance de ruissellement pubien.
"Montlièvre !" était le "Montjoie !" de toutes les forêts de moustaches qui se mirent à sortir de la terre masculine des visages de France, comme sortent les petites tortues luth du sein fertile des plages de sable chaud d'Océanie.
Agnès, chat-ouïe du Cheshire, lèche ses poils auditifs dans la vibrillante moiteur du miroir de son Wanda's café Potemkine postiche.