Affichage des articles dont le libellé est la critique littéraire. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est la critique littéraire. Afficher tous les articles

lundi 21 mars 2016

À Golem Renversé

Los recuerdos unidos jamas seràn vaticinados

À J.L. B.
Rumeurs de satiété,
les journalistes pressent le rhum planteur des anamnèses, exsudent les sucres,
décasent le dégrisement de leur mémoire, au filtre de leurs prédicats toujours claudicant,
dans des amphores en verre épais où nagent les ondines qui certifient à coups de paraphes greffés aux caudales l'authenticité vintage de ses biens licités.
Ils tirent de leur lit de mort les images du passé, les aiguisent dès leur petit-lever en pointes acérées.
Des impressions de leurs souvenirs chèrement acquis ils font une piscine d'encre, puis appellent à comparaître, comme on convoque au tribunal de la concordance un temps plongeur des océans de l'aspect, les ombres squelettes de bougies voilées à la brume de Chine n'ayant presque rien perdu de leur souffle noir dans les ultimes enchères du tractus de leur fumée, influx mémoriels hissés à l'envers comme un mât de misaine culbuté dans les flots transparents qui captent les rayons, à l'aube d'une lumière sans jour, d'un soleil de vérité éraflant la vitrification sessile de la cécité profonde.
Borges simule avoir assez de discuter avec Enthoven, qui conserve beaucoup d'humour et rajoute un explosif dans l'eau de la conversation en bon pêcheur confident de l'île de la Sonde.
C'est vrai, les hommes sont lourds comme des Antonov, toujours pleins d'une dose de vide sympathique dont les jus des électrons sont inodores, tels les agrumes tombés dans les parties molles des jardins clos, noyés dans la mangrove de leur amaurose, les femmes sont légères et insaisissables comme des nyctiprognes mauves aspirées par le maelstrom des roses de Montevideo, volière d'atomes qui frôlent les lointains tout en restant statiques, souples comme des engoulevents d'Amérique dessinées par Lockheed qui se ménageraient dans l'air une signature des plus réduites, lames d'un parfum d'esquisse que démusellent les fusains dans les grasses molécules de la fuite, le glissement de la robe d'un graphe, le gobage mental d'un grain de raisin noir des cépages de l'Oise, spectre d'un anéantissement fruleux et furtif.
Cela dit, le golem peut à chaque instant chanceler, devoir se couler dans l'enveloppe d'une Emma Zunz et faire parler la poudre d'un questionnement chargé d'une pollution radicalement cellulaire.
Borges est volontiers piquant, Toute sa vie Beethoven, sourd comme un silure, crut qu'il fit de la peinture, craque idiote qui nous faisait rire sous le préau de l'école, et mince, l'ancien bibliothécaire a bien senti que l'essence de l'humus féminin hante Jean-Paul lui-même, qu'elle cuirasse d'une peau de glèbe la doublure, dézippée du nombril à ses épaules, de son long manteau de veines, convoitise des gnomes provoquée jusqu'à la béance des émotions de l'éphèbe, dans l'écorché de l'envergure des ailes de l'amour qu'il déploie devant elle.
Comme un sérum, le serment laisse déborder les fluides aqueux à son corps vitré.
Pointure à l'œil, tatouage à l'encre des entrailles du blanc des nuages, cils en aiguilles au bout d'une tige de bambou, splendeur tinctoriale d'un braille automatique qui ravit le maigre trait de lueur dans les saillants tactiles du sang du sourire dépourvu de gomme à ses embouts.
Comme la cantilienne relique du cœur boutant d'un Condé sous un dais de velours noir à frange d'argent, comme la grivèlerie des anecdotes chipées dans la poche intérieure de la toge du père Bourdaloue, afflux d'humeurs belles-lettristes discrètes comme les loups, liqueurs d'un monde de mots, qui font société chez les Gens de l'Être, littératrices, littérateurs, gens que les nouveaux Paulhan retiennent prisonniers d'une revue navale, attachés horizontalement au clavier, charmés d'écouter les chants de cette néo-neuvaine. Les Muses, écoutez vos Muses et leurs sirènes, leur disent-ils.
Les critiques se changent en écrivains et professent l'amour du français, les professeurs de français critiquent les écrivains qui professionnalisent une promesse, laquelle ronge son rein et bat chez eux sa race depuis toujours.
The critic criticizes the critics, les professeurs font processionner les process d'écriture, oui, ah, cela me surprend d'entendre certains glapir à l'idée que les écrits d'aujourd'hui sortiraient tous des ourlets du monogramme de l'Université, de la matrice des jupons de l'Education Nationale ou du moule à grande couture de la mondanité d'archétype journalistique, il en alla toujours ainsi je crois. C'est fumier idéal pour la rose de l'écrivain maverick.
Réversibilité du mal-aîné, le golem saura-t-il parler un jour la langue de son créateur ?
Borges, qui en gaina plus d'un, semant derrière lui les infâmes pièges volants du social-fascisme de Peròn, lider maximo du Parti Justicialiste, homme fumeux mais bien réel Old Nick, fit toujours miauler le chat de ses interviewers, que va faire le félin aujourd'hui que son maître semble sur le point d'articuler enfin les subtilités du syllabus du métier d'écrire et qu'il est désormais capable de les animer dans le câblage multiplexé de la présence du beau parleur qu'il n'a de cesse pourtant d'être ?
Je me souviens du nageur de Compiègne Stéphane Lecat qui remportait, sans recourir à ses vibrisses, tous les trophées des épreuves de natation en aguas abiertas autour de Santa-Fé ou de l'estuaire du Rìo de la Plata à Buenos Aires, vague humaine à la proue des navires de De Solis et Cabot, marnage delphique des porteños légendaires Cervantes et Shakespeare dans les limons et les argiles, mariage bleu-silver des amours de Borges dans les capitulaires de littératures aux tranquilles apocalypses.
Les ombres des aînés n'atteignent pas le nombre d'or des jeunes années, les grands écrivains ont disparu pour mieux distiller les filets d'eau de leur soif aux cheminées acides et brûlantes de la fontaine sous-marine de l'écrit nouveau.
Une seule lettre de feu lui manque et tout fait ventre à terre calcinée pour le papetier du grand ordonnateur de la dévoration du souvenir des abysses falciformes qui font partir en vrille le nerf optique des cachalots qui ne désirent rien tant que recopier les métamorphoses de lignes bullaires inouïes, fascinés.

dimanche 24 août 2014

Dans la peau noire et blanche d'Emmanuel Carrère le dimanche

340__Triptyque de l'Apostol Emmanuel,
cathédrale de la Dormition,
Omsk.


J'aime nous faire un peu de pain perdu le dimanche
j'ai horreur de laisser seule la boulange rassise,
un gâteau peut sauver le matin par la tranche
de son froment fruste, et nourrir les frères d'Assise.
Mon "Royaume" vient de sortir, la critique aussi,
est-elle unanime, que je la rêve assassine,
les professionnels ne prennent jamais les récits
personnels avec soin, qui revient aux racines,
ils étêtent les tiges, saccagent les baies des cassis,
comme les dômes des églises uniates clandestines,
et oublient les substrats fertiles dans leurs glacis,
par dépit, ils lapident le jardin de Custine.
J'aime lire la presse parlée, le matin du dimanche,
écouter la radio écrire ce qu'elle icônise,
cela change de la semaine passée en longues manches,
mon oreille goûte quand les journalistes ironisent,
la brièveté, dans le bon tempo, notre souci,
je l'endosse ce maillot marin du Potemkine,
moi aussi, n'empêche que faire long sur la Russie,
est l'axe fusain de mes carnets de moleskine.

C'est ce que ne pigent pas les grands critiques assis,
Ils ne voient pas que "Royaume" n'est oeuvre byzantine,
les noms Romand et Limonov fondent son "Ici
et maintenant", se shooter à la benzédrine
pour le comprendre n'est pas la nécessaire avalanche
qui fera fondre la lourde neige qui les asthénise.
Que ces deux golems en profitent pour prendre revanche,
je m'en fiche, ils rejoindront à temps leur remise,
je suis en voiture sur les parkings des dimanches,
et dans les vastes salles du métro, que Moscou vise
à déplacer à la surface pour meubler les hanches
trop larges des avenues vides comme en France les églises,
je suis-là pour Pavel et Luke, avec vous, un round,
my name"s Emmanuel, I live on the second floor,
yes, you've seen me before,

j'avais envie de les sortir de l'underground.
Dieu que mon précédent livre était noir épais
je racontais tout des bas-fonds de la capitale
je crois que les gens le prirent pour un coup d'épée,
au duel de Limonov, comme dans Guerre & Paix,
un pavé jeté dans la mire de son oeil pâle,
ah, les stupides ! je voulais juste faire histoire,
aujourd'hui on jouera la jurisprudence Moix
sur la table du jeu des grâces aux auditoires
pour contrer ceux qui abattent la carte du hoax,
les éditeurs ont les ressources que chacun sait,
mais j'eus aimé qu'à ma Malkhout on donne à boire,
Paul, Luc, mes Romanov & Limorand de craie,
mettent le noir du labeur de mon oeuvre au lavoir,
et me rendent Pantoscriptor du savoir frais,
celui de la connaissance par le "gouf" des soirs
de l'homme surpris au nord de la vie sans effets,
de l'âme qui préfère de son corps ne pas déchoir.
__Hélène, voulez-vous me passer le café, s'il vous plait,
les critiques me donnent soif au sein de leur pleuvoir.
Larrons en foire, mes compagnons de bordées,
ne saisissent pas que je cherche à dépétrifier
mon style des scories des premiers de cordées,
à le rendre blanc comme un oeuf prêt à nidifier
dans les arbres de la littérature simplifiée,
-- qu'ils accordaient pourtant à Céline à grand prix --,
je penche toujours vers ce gros livre désamplifié
par l'oubli, "La Forêt forteresse", de Zulawski,
C'est aujourd'hui le seul repère qui ne flanche,
bien qu'il soit bancal, dru comme le tournis à Pise,
de style touffu, surinterprétant les dimanches,
je regarde les images de son film par coeur apprises.