Et Le Fantôme De La Fiancée S'Opéra

Mariam et Yechou, fiancés du Ben Porat

(Jamais ne compris pourquoi ce précieux chtouilleur de Malle
vint se plaindre de la prise de contact amoureuse
que lui offrit Marie, quelque chose qui m'a toujours
-- quoique surpris plus jeune -- fait rêver de mon côté du champ)

Licenciée du miracle économique de la fin de la première moitié des trente glorieuses, Marie ne fut jamais de celles des Souche-toi-là. Morale des deux fois vingt-ans après.

Seaux d'hommes et gros baquets d'egos morts
d'Une bouteille, un râle qui dort
Ne s'extirpe le nez des acétones
Sous le fouet d'Irène, mille tonnes
De squames talutent désirs de tombes
Clandestines au fond de la combe
Peaux d'apothicaire, de desservant,
De messier, syndic seigneur d'Urnevent,
Vieux RPR, archéo-socialistes,
Calamiteux sensuels feuilletonistes
Sommateurs du sublime noble con,
Carafon sommelier de leur cocon,
Tous vils silencés dans l'apologie
Du picrate, vin de sang, haut-logis
De leur châtellenie contus et gourd
Tu les annotes et margines en sourds
Vides les éjaculations béliales
Du sabbat de leur palais vicarial
Ah comme les hommes sont lourds, Marie,
Cabeza vacìa, pour les Bovary,
C'est encore plus dur sans ton vaccin,
Ton studio d'Hérouville en Vexin
Qu'est-ce qu'elles peuvent se gourer
Ces nanas-là à ne pas s'amourer
Dans les foins, les coins aux beaux points de fuite
Suffisamment oints par mai `68
Vers onze ans, grâce à toi je sais que j'aime
Les cuisses des femmes comme les gemmes
Du grand Tour, dès toujours Nataràja
(Revoit ce qu'il n'a jamais vu-déjà)
De la danse de ton âme pieds nus
Sur une prairie de diamants, la venue
Sur ton corps de l'esprit des libelulles
Amélie dos affublés de flammules,
J'aimais lorsque tu défis le baudrier
De l'éphémère Hyppolite guerrier,
Apeuré petit d'homme aux soies roses
Guidant tes caresses vers l'apothéose
Ça te change de tes porcs attitrés
Et de tes sapiosexuels très mitrés,
Ces blogueurs filandreux au verbe haut
Qui se la jouent galants du placebo,
Dès trains de la queue sortis du labo,
Préfèrent renter chez eux aussitôt
à l'écart se finir 'vec un robot
Je meurs comme statue pour ton Dieu Beau
Marie tu n'es de ces Penthésilée
De cœur de ville, qui goûtent s'enfiler
Les alternances Faubourg-Bois, Boue-Gemme,
Libellances des écrits de leurs hèmes,
Sang des humains innocents aux dents propres
Et la folle avancée des grands mots preux
Qu'ils spiralent fumée lanceuse d'oracle
Tu ne restes pas dans ton tabernacle
impassible lorsqu'ils viennent te fourrer,
Les fiancés du paraître détouré
Ne se sucent qu'au fur et à mesure
Que paresse ne desserre l'usure
Attachée fort à leur petite mort
Moules de suçons, filtres d'oxymores
Foule hantée des fantômes d'apparat,
Toi l'archère penchée des Sauromates,
Cavalière toujours à pied, ton imper
Rouge à la main, vraie peau d'ours en hiver,
Tu bourrelles les Berserkers bestiaux
À leurs propres enfeus d'oratorios,
Tu donnes quitus d'un long chemin
De drama dantesquement paulinien
Je m'aperçois-là que je vous tutoie,
Comme un hussard la bride sur le doigt,
Cherche le kaolin à vos aisselles,
Du profil de vos seins la vaisselle,
Toi la Faïencée dont le pétrissage
Excita, l'homme, la femme, doux sages
Du droit de jambage, bien assorti
À la voile, lans plaisirs amortis,
Tu retournes la peau bleue de l'Edda,
Fais frémir sous la friction ta Freya,
Pourrais être la fille de Rancé
Qu'il eût du Saint-Esprit recommencé,
Même ceux-là qui jouent aux allumâles,
Les faux Alpha, les Béta boucs du mal,
Reconnaissent l'inouï de ta façon
D'aller sur la route colimaçon,
D'en juguler la liberté trompeuse,
mangeuse d'auto-stoppeurs et campeuses
Un Phalanstère donnait bien leurre
Et le change à Theresienstadt, le beurre
Et l'argent du meurtre, tel un coucou suisse,
Une bille de sueur nue sur la cuisse
Et Tu ne seras pas plaque marbrière
Sur le sol de Compiègne du grand hier
On croisait Bernadette à Réaumur,
Fiancée de la Cour des Miracles, amures
Tribord et bâbord de la Bretonnerie,
Et lui souriait entre deux gays amis,
Ou seule. La faute peut-être incombait
À l'abbé qui parfaitement dardait,
Mourait encor de se donner l'envie,
De verser les attentions spirituelles
À la vraie place où loge le cul duel
de la pensée, magnanime Marie
À Liancourt, bien jusqu'aux années huitante,
Pergola bâchée de toile de tente,
Habita dans les bois une femme brune
Qu'ils appelaient tous "La sorcière" sans thunes,
Face au long pierreux de la prison,
Foyer masqué par manque d'horizon
Cabane sous une futaie très serrée
Sans clairière, ni projet d'accès secret
Un peu tendre, je ne m'y risquais pas
Je la vis, la découvris hors ses bois,
Bien plus tard, belle femme, longs cheveux
Noirs, teints avec beaucoup de soin, nerveux
Qui sait, la ville lui restait hostile
Dès qu'elle décroisait les yeux mobiles
D'un passant, elle se redressait vite,
Pressait le pas lourd, à moins que la fuite
En avant de son berger allemand
Ne la brusquât d'un bref emballement
Séyante dans un imper noir ciré
Près du corps, qu'elle savait désiré,
Semblait redevable à la Mairie,
Ce que laissaient lire ses lèvres, pari
Donné en pâture à tous ses juges,
perpétuels sondeurs d'une vie de refuge
Brûle les bandes du magnétophone
Et cendre les après-maudits des Meaulnes
Marie, faille ansée des rusées Nelly,
Cathare noire, sybille au lit,
Bezerkergangerin de la vie libre,
Tu n'as pas saisi tous les dangers ivres
De toi, les feuilles de toucher ribauds
Chers bréchets de tes amis bonobos,
Kyrielle saigneurs tarifiant l'amour,
Quelque chose de la ville autour
Veillait sur toi, si tu vis à Paris
Envoie-moi les beaux cygnes d'aujourd'hui
(Eau de roche que tu fis des enfants,
Devant les zadistes aux oliphants,
Que l'on rencontre partout triomphant,
Chauffeurs d'incendies pâles, faux errants
Cureurs des Ecusette à prunelle
De Noireuil qu'ils enferment à la Nesle)
Qu'on les voie depuis la terre cévenole,
Et le Japon loin des monstres mols
Mais proches des hiboux, chauves-souris,
Cruel bestiaire de tes aristies

Born again to love at the sacred fountain of the rainforest's sweet fires