mardi 5 août 2014

Supplique pour que l'on donne à l'avenir répit aux épiphanies d'épigraphes des livres à vernir




Ci-gît ou dort un exergue, ici repose une épigraphe.
(Quelque chose comme : "Et quand l'exergue eut passé le pont, les fantômes des épigraphes vinrent à sa rencontre. Et les arches et la bouche du hors-texte vampire furent couvertes d'aphtes".)
"Vernis protecteur, baratineur glacis, la citation lèche la vitrine des commodités d'écriture des écrivains assis." Scurra Atticus.

336__Aux épigraphes la possibilité d'une mort douce.
Leurs autographes passent souvent pour documents forgés,
il suffit que sur leur bon dos les auteurs se moussent,
faire droit à leur requête, de vérité gorgée,
paraît conforme à l'étiquette du paléographe.
Ces épouvantables épiphanies qui poussent
comme des champignons sur des textes en projet,
ont teint de cadavres encore frais sous la lune rousse,
on les exhume, on les parfume, les fait déroger,
pour le plaisir apparent du culte polygraphe.
Ils nous faut les aider à mûrir, mettre les pouces,
dans la dignité bleue d'un trait de plume de geai,
gaies comme les halakhistes des catacombes de Sousse.
Qu'elles sourient des libertés que d'autres s'arrogeaient,
de les priver d'écrire leurs grands psaumes calligraphes.
Qu'elles prennent à revers leurs faux-frères en douce,
les exergues qui signèrent avec des scripteurs étrangers,
pour gonfler artificiellement la trousse
d'un corpus de textes heureux de l'aide échangée.
Où passèrent les écrits vierges de prothèses agrafes ?
La terre des poèmes lakistes n'est pas cette brousse
infertile qui meurt d'envie qu'on l'amende au jet,
les écrivains qui recourent à l'engrais repoussent
à jamais possibilité que d'autres sujets
repiquent leurs lignes à leur propre sismographe.