jeudi 8 mai 2014

Un trop bruissant lisseur du livre de Bohumil Hrabal

13 mai 2014 : le roman de Hrabal compacté par un auteur célibataire même

328__Toute la cave du vieil Hanta tient dans une seule clé.
Ces bus en série sont semblables aux olives blêmes :
"ce n'est qu'une fois compressé leur jus dé-stocké
qu'ils donnent, dans un mantra sourd, le meilleur d'eux-mêmes." 
On nous annonce, dans l'amoncellement des minutes
du temps littéraire qui compte les grains de sable,
dans l'hourglass où se noyèrent tant d'à-valoir bruts,
comme s'ils étaient d'invisibles pépites si palpables,
la sortie d'un roman. 
Qui semble s'entrer dans un autre, tel un hirsute
intrus, pour s'empresser de voler l'ineffable.
Ce mouvement de va-et-vient est la clé d'ut
qui solfie la littérature et toutes ses fables 
de notre hui assommant. 
Le "Liseur de six heures vingt-sept" est un acharné
du pilon, cauchemar des libraires raisonnables,
il se rend à l'usine en R.E.R. bourré
d'ouvriers que presse l'horaire des jours insécables 
Il lit tout haut des extraits de pulpe de fiction
dans les mains de papier qui passent sous la Butte.
(Les rames du métro portent extrême attention
aux lecteurs en révolte perpétuelle comme des canuts.) 
Un jour il trouve un os enrobé dans le chrême
d'un fin coffret numérique en forme de pavé
qui renferme un manuscrit coincé comme une brême,
sauvée des étangs de Saragosse, l'oeil crevé. 
Les petites souris de Bohumil sont incapables
de croire qu'on les vole au sein même de leurs huttes,
de la clé USB, des livres le lourd cartable,
il faut changer les serrures en toute hâte, que lutte 
pour sa vie, âprement, 
la sauvegarde du souvenir du vieil Hanta.