vendredi 28 mars 2014

 315__Annie hait les librairies des supérettes,
Les supérettes de l'écrit, elle honnit.
Elle préfère aux vegetable bibliothèques des petites Fanny d'aujourd'hui
Les Amap de lettres fraîches et les amas de mots sains
Déposés sur le seuil des imprimeries bio sans dessins.
Les supérettes jetables des récits de Cergy
D'Annie donnent à ses premiers jets
Un goût d'âcre fumée salée de toile de Jouy.
Lorsqu'elle n'a au sujet de la langue
Que le souci du beau ton
Elle prend des amants de fiction qu'elle restaure
Au McDo dans la toundra des bruits et des sons des galeries de l'hyperstore.
Pour quelques littérateurs-Panisse, Annie
Frémit dans les allées des supérettes ennemies.
Ces cafetiers de la nouvelle et du poème ont la couleur
De ses Vieux, les auteurs de ses jours heureux,
Commerçants de bouche à oreille, petits dieux
De la chose romancée pour deux.
Dans les travées, elle pousse son caddie littéraire
Et fait ses emplettes du miel de l'ennui linéaire.
Lorsque le chant du sucre de la forge
Qui parchemine les pages d'Annie
Coule depuis son clavier sobre sans Sorge
Elle est aux Auchan-Elysées de Cergy.

 "Annie Ernaux aime les suce-être, ces lieux de perdition qui aspirent l'âme prosaïque des petites gens animés par la faim, des chaussettes à la casquette". Chanson de 1966, Sergueï Ginzburg. Paris.