vendredi 4 septembre 2015

Aylan Kurdi se lève

419_ And The Child Opened His Eyes


À Sevim
Il est venu terminer là sa durée,
victime d'un vieux tueur en série nommé Zodiac,
il faut le mettre à la Une et l'y emmurer,
comme le cliché d'un baleineau de l'île Kodiak
venu s'échouer pour, au foyer des réfugiés, faire de la bonne graisse.
Sa petite stèle est l'idéale dépouille d'une idée,
pour citer les mots de Paul Gadenne,
un monument qui rend aux journalistes l'intelligence soudaine,
et comble un manque d'éloquence, dilapidée,
symbole écroulé du cataclysme proche-oriental.
Levez les yeux et voyez, exigez votre Conférence bicontinentale.
Les chroniqueurs du bel aujourd'hui aiment la Grèce
d'hier, celle de la plaine marine qui gonfle sous
le déchaînement d'un suet ou mieux d'un Borée,
celle qui savait tendre au rivage les os, dissous
dans la circulation thermosaline, des noyés en Egée
les deux pieds dans le béton muet des antiques trochées.
Dignes profiteurs de la petite carcasse
qui voulait rejoindre le pays des Koans
depuis l'ancienne Halicarnasse,
sans passer par le petit jour de la fente des douanes,
les courriéristes de l'événement se précipitent
sur un visage écrasé dans les algues froides,
impôt d'une fortune de mer, mince bout de bois, petite épite,
brin de posidonie dans les prairies et les wades.
Ils se prennent pour des Frères Chevaliers
de l'Ordre de Saint-Jean hiérosolymites ou provençaux,
des guérisseurs, aèdes spéciaux
du Catalogue des Vaisseaux,
amiraux démagogues de la nouvelle Arcadie,
pour des pros du maniement de la psychologie
des houles angustifoliées.
Fiers de montrer un garçon de trois ans,
allongé sur le sable, seul le sot-l'y-laisse,
pour son bien, pour sa gloire, puisqu'il n'est plus agonisant,
les yeux non floutés, puisqu'il n'a plus de visage, qui le blesse ?
En attendant, le "petit Aylan" (grand en arabe)
gît sur le sol,
loin de l'asklépiéion de l'île de Kos qui le soulagerait des pinces des crabes,
une rose des vents sur la nuque par le sable dévorée en guise de boussole.
: مناقشة 
(Dans la Sacra Infermeria du passé
même les médecins paléopathologistes accordent plus d'attention à leurs sujets.
Au temps des petits princes de la dynastie des Lagides
les gens de mer se délassaient à regarder souffler les cétacés,
Kos était un paradis pour le soleil, que jusqu'en 1944 une synagogue centrifugeait,
les marins avaient la foi, personne ne sacrifiait encore quoi que que ce fût à cette égide
en toc que voulut représenter plus tard la Période Europaïstique.
Cette pauvre sorcière s'était armée d'un bouclier en peau de chèvre de papier,
et avait la juste fureur de l'amour de la paix, un plaisir jadis chèrement expié,
elle aimait en cueillir les dividendes sans compter, au petit bonheur des chancelleries, selon le bon couloir de son auguste méthode à lobbys heuristiques.)