mardi 24 février 2015

Desplat scored last night. Requiescat

 I gat me men singers and women singers, 
and the delights of the sons of men, 
as musical instruments, and that of all sorts.


372__ Nous nous sommes éloignés du rythme de John Williams,
 Distancés dans les intervalles du tempo T,
Un temps pour tout, où l'on écoute et l'on se tait,
Qui ne célèbre, du sucre et miel, l'épithalame.

L'oeuvre d'Anderson nous orphelinise du Siam
Aux tambours anciens que personne ne tapotaient
Comme pour réveiller les dieux des salons de thé,
Son musicien détruit le pont que nous reliâmes

Jadis, ouïes mouillées au gué, à rive de Ròzsa.
Miklòs nous suspend ce que mémoire abrogea,
Et tend clef d'Arezzo dans la pâture du vent

Les partoches hors sol ne se déplacent qu'en carrosse,
Elles n'avaient d'égards que pour Douglas au printemps,
À l'époque où les composer payait endosse.

Refrain-scie :
Hermé, Ladurée, Dalloyau
Beau vanillé des vanillé
Tout est soleil sur le gâteau

Replat, méplat, faux plat, Desplat, 
Tout est neige montée aux pianos
des films à l'humanisme fat.

L'Oscar s'ose Kohelet-poète du cymbalum
Et de balalaïka, le prêtre à carats,
Alors qu'il n'est du biscuit rose que le surhomme,
Miklòs ne donnait pas dans le glucose d'orgeat.

La photographie nous parle du beau film plus bas,
A Time to Love And a Time to Die, Sirk, Ròzsa,
Année presque zéro d'un berliner Alptraum.


A Time to compose and a time to repose



Discussion (trouvée punaisée sur une porte puis emportée par le vent) : 

Scène capitale de remembrance en ruine, à l'Himmel du cirque aux flammes ubéreuses, génial point de rencontre entre le réalisateur Sirk et le compositeur de la musique du film veiné de nuance bleues séreuses, Miklòs Ròzsa, lorsque le héros, joué par John Gavin, Hans Graeber, devine l'immeuble où habitaient ses parents (au numéro 18), rasé par les bombes des Lancasters.

Alors qu'il se tient près d'un amas de mortaises et d'éboulis de briques, il tombe sur une plaque qui lui indique qu'il a les deux pieds posés sur les flaques du "16."

Il repart plein d'allant, l'amour filial en fuite vers le "18", au sommet d'une colline cuite, empilée d'éboulements, pour se pencher sur les restes, cabossés par les piqués du ciel trébuchet, d'un piano de concert au dessus duquel passe et repasse un fer à béton leste qui racle les cordes, dans la mécanique infradiégétique d'un balancier de hasard, sur la table d'harmonie, comme un guignol hagard surgi de son coffre, mettant à nu les planches et les bordes.


L'articulation des deux scènes, légère comme la brume sur un canal de Hollande qu'hume une petite cague, est annoncée par la mélodie (presqu'un sonal, un bruit, familier des chantiers abandonnés ou des terrains vagues) faite au cymbalum,
(il connaissait par coeur les folksongs hongroises) esquivant pour un moment la folie des Hommes-Hunde, quelque chose qui traduit bien le vol stationnaire de la note muette dans l'air, à cheval entre le fantôme d'un bel accord et la dépouille d'un crin-crin qui s'offre, étrange paire, pour toute raison d'être, mille instants répétitifs pro Stunde.
 

Cinq secondes magnifiques, comme l'irruption du silence rompant le boucan des Zag et Sieg, les aboiements-scies des feldgendarmes zigomars, un écho sur le sonar du passé pour Rozsa et Sirk, tous les deux anciens étudiants de la ville de Leipzig, (avant de se sauver du cauchemar par un ancien port de la Hanse), au moment où le nazisme était encore politiquement rutilant dans son claironné triomphe, vers 1937, (le professeur de Ròzsa s'appelait Grabner, presque comme le soldat de la Wehrmacht, Hans.)

C'est aussi décrire l'anéantissement humain du monde artistique, intellectuel et moral, de Berlin en cette année 1944.
 

Elizabeth et Hans, de tout l'être pyromancien qui les habite, sentent que le printemps part tôt mais revient vite, quoi qu'il en coûte à leur personne, quoi qu'ils en pensent, les branches des cerisiers et des amandiers, cuits à coeur par le blast des bombes aux atones automnes, régénèrent de leur sève les statuts du pacte d'un nouveau théâtre.

Visions plus incarnées encore que la scène finale des "Visiteurs du soir", un temps pour vivre, un temps pour mourir, on passe par les armes des paysans russes puis on est fusillé par des partisans qu'on a soi-même libérés.

Никчемно всё, — сказал Кохелет, —
              Напрасно всё и бесцельно всё.


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