samedi 14 septembre 2013

248__Kristan-san n'était pas un jeune Kirishitan comme les autres, c'était lui l'intrépide ligérien dont l'âme aimait défier à la course vers l'océan le petit cercle rouge du soleil levant. Par-delà les mouilles et les jards, que les fous-de Bassan et les jars sautaient par milliers, Kristan volait, lui, seul comme le goéland marin battant la campagne et le bassin versant du grand fleuve lent au cours anti-parisien. Il atteignait la "Carene" de Saint-Nazaire (là où tous les chevaliers à la houle mettent un genou à terre et s'adoubent au 'radoub' pour faire souffler leur monture de vent à la fourrure de vair) avant les derniers rayons de la boule de feu lancée par Amaterasu qui s'incarnait encore en hermine blanche il n'y a pas si longtemps. De cette cascade d'épiphanies fluviales, Kristan avait-il la nostalgie heureuse ? Peut-être, bien que cela lui fût égal... De la source de Sainte-Eulalie jusqu'à l'embouchure des souvenirs de sainte-Amélie, Kristan savait tous les chemins. Plus tard il lira dans une revue que la nostalgie touchait avec beaucoup d'intensité l'humeur des humains adolescents puis subitement cessait de s'activer pendant trente ou quarante ans avant de se reprendre et ronger à nouveau les sangs des femmes et des hommes devenus vétérans, la nature est bien faite finalement. Parfois Kristan sentait dans sa vie la natsukashii lui chauffer le circuit des sens, le Kenshô lui brûler le cerveau ; "__le Rémy cuistot de Ratatouille est vraiment un gars charmant mais pas à la hauteur de Despereaux-san" se disait alors en lui-même Kristan, "Il n'y a rien de plus fort, communicatif et beau, que l'expérience de la nostalgie par un valeureux souriceau, chevalier de l'Ukiyo-e."