mardi 18 décembre 2012

184__Selon la chronique des moines de son temps, Sartre était laid. De la proue à l'étambot tout, dans l'âcre éclaté de sa coque, chantournait des traits. Pour certains autres diacres, sa beauté se voyait cependant sans délai, cette fois-ci selon les faits d'une chanson devenus adage dans les mots.
Ce même Sartre, dans le salon mauve de sa célèbre Nausée, écrivait, dans une phrase qui calcinait la guimauve, que le "visqueux est de l'eau à l'agonie" (une expression, une trouvaille, une glose osée). 
Pensait-il que le beau est du laid à l'agonie, et que le laid délaye la même eau ? Que du même fleuve de rhétorique tranquille aux lents tourbillons d'orbe terreux naissait leur débit, pour se jeter, comme une goutte de cire brûlante soufflée par le vent d'une flamme bleue, dans l'océan du visage tiédi d'un même sceau ? 
Un tel flux, à tel taux, de prophétie auto-phénoménalisante, pouvait-il s'observer sur soi ou dans les yeux en croix d'autrui, à même la peau ?