samedi 21 juillet 2012

155__Un prologue de samedi matin à la radio, j'écoutais Fournel et Guimard sprinter dans les lacets de la route aux allusions et aux anecdotes qui mène à l'école des hommages, dans la vitesse du vent d'une descente tombale, ouverte aux souvenirs. Ils étaient-là, invités au bal d'un protocole d'ondes pour parler d'un coureur cycliste normand de l'ancien monde qui marqua l'histoire du vélo au fer rouge de la forge que soufflait, la gueule ouverte, les fourches haletantes gardant, comme des colonnes de Trajan, le cadre roulant de son avenir. Je trouvais qu'ils édulcoraient dans leurs propos la vraie nature du dopage dans leur topo, exilant le pire sur les pudiques rivages du sourire complice.
Tombé d'accord avec eux, alors qu'ils n'étaient pas encore en nage, pas habités des gouttes de sueur qui pullulent sous les émissions du soleil microphage, lorsqu'ils émirent l'idée que Jacques Anquetil avait, de toute sa superbe, avec un fougueux et vermeil en-tête, refusé de mentir par omission et avoué, avec maints délices, qu'il se chargeait la mule avec des amphètes, de l'alcool et de la caféine en calice, sans autres espèces d'émotions ridicules.
Je relevais soudain la casquette en pensant tout de même à ce qu'il avait dit avoir goulûment goûté, lui et tous les coureurs de sa génération (ainsi que celle de Fausto Coppi notamment, qui vint juste avant), du "pot belge" de l'époque, une mixture fourrée aux amphétamines, à l'héro et à la coke, qui donnent bonne mine.
Il l'avait confié à un interviouveur, qui n'était pas encore de la race des procs'.
Ce fast-train diététique était du genre à fusiller son bonhomme, à hauteurs des mélanges qu'il pratiquait en gastronome. C'était une boisson artificielle anquetilicide, un cidre fatidique arc-en-ciel qui fit tomber même les héros aimés des petites reines de la nuit, dans les pommes.
Cela dit et posé, un homme comme Peter Sloterdijk est tout disposés à admettre que le doping cultive son réseau d'éponges au sein du poumon du sport, ils ne voient pas cet acte comme seulement prescripteur de la mort subite du hérisson qui terrasse les boyaux de sa soeur la vie avec ses poils piquants avant l'heure olympique.
Cest le taux d'hématocrites que les hypocrites coureurs cachent comme sous le rameau d'or d'une vérité peinte qu'il critique.
Depuis que j’ai vu le film de Gandrieux, « Sombre », tournés sous les cieux radieux de mythique année 1998, si topique, je ne regarde plus tout à fait le Tour avec la même transe anémique.
Le long travelling chamanique muet (la musique d’Alan Vega s’étant éteinte dans le menuet du générique) de la mimétique fin, celui qui vole les expressions des visages des spectateurs massés sur le bord de la route de l'Huez, m’a fichu des frissons anquetiliens de chair de Poulidor des tropiques pour le reste de ma vie, jusque dans mes yeux frais de reptile terrien.