jeudi 14 juin 2012

138__"Cet Erri-là n'est pas un Moïse fumeur de pipe alpiniste."

Erri de Luca aurait fait un bon oulpaniste.
À la place, il a préféré faire comme Saussure, chausser ses Nordica, sangler son Lafuma, rouler son tapis de sol du Vieux Campeur, boucler, à la voussure de son thorax, sa doudoune The North Face rouge fourrée du duvet d'un jeune eider, et planter sa toile de tente extatique sur le motif, en plein Mont Sinaï, pour s’entendre réciter le grand mantra du déka logoï aséréthique au creux de l’oreille, qu’il porte asymétrique à l’autre dans la taille, pour ne pas prêter aux bourrasques qui pourraient le faire s’envoler, lui et son esprit, dans le vent blanc du Lekha Dodi, si toutes deux étaient de même volume et superficie.
Erri de Luca aurait pourtant fait un bon alpagiste.
Il a préféré paître en solo. Loin du topos.
Dans les hautes et rares herbes de l’hiver, soeurs des mises en abymes littéraires, entre les pierres du désert qui sont les frères minéraux du sublime de chair.
Il est parti sur la montagne pour extraire la substantifique moelle positive des sept « Lo » végétaux des derniers commandements, dont les os émettent des feux follets qui vont embraser les alentours, et leurs buissons, sacrés de dix désirs aux sourires pleins de dents qui poursuivent les ondes négatives des ex-votos.
Erri de Luca, en bon aleph, aurait fait un bon premier ministre.
Mais Erri de Luca n’est, pour cela, pas assez sinistre.
« Tu ne commettras pas l’erreur de l’adulte qui hère sur de prétendues hauteurs de la pensée. Tu évoqueras le nom de la femme dans la simplicité. »
« Tu ne tueras pas l’Al-Piniste himalayen qui roule en toi en pierre polie. »
 « Tu ne covoitureras pas la femme de ton voisin dans les faux embouteillages que tu auras créés de toutes pièces dans la ville de Paris ou de Naploli.»