dimanche 1 avril 2012

100__Robespierre s’était débarrassé des tricoteuses qui avaient toujours tables et pliants ouverts sous la bascule à Charlot pendant les exécutions. Je trouve normal et sain que la Convention des écrivains interdise ces nouveaux attroupements silencieux que constituent ceux des pliantistes salonnards, qui causent des thromboses dans les couloirs des jalons du livre de France et de Navarre, en empêchant la bonne circulation des flux et en bouchant la vue des visages — dont pourtant on aimerait jouir tranquillement — des auteurs sages.
Ces pliants étaient vraiment des instruments de torture pervers qui s’étaient donné pour fin de hâter la disparition de la littérature (encore vivante dans son dévers), cette espèce rare de tigre de papier d’un Bengale de caricature, et de la chasser hors de ses derniers confins. Sentant déjà les effets de la seringue hypodermique plantée dans le muscle jadis rebondi de sa partie charnue, elle s’était repliée vers le support plus confortable du numérique, où son assise, même si désormais moins bien traitée, demeure bien tendue, entre deux fleuves contigus ; l’Amazone.fr et la Seine-filet-à-poissons-de-papier, sur lesquels elle compte bien tendre des ponts Mirabeau où pouvoir couler des jours heureux, violente espérance, dans l’opulence de royalties et de revenus du temps jadis, perdus mais enfin retrouvés.
(loin de la guillotine sèche des pliants aux mille déplis dégoûtants de réplicants, à la pensée littéraire autogénérée et aux transferts de dédicaces énogénitiques, trop impudents).