samedi 21 janvier 2012

Dormition's log # 3


Se souvenir d'un sommeil.
Comme d'un grand moment de vie, l'excellence.
Est-ce possible, est-ce viable, quel espace accorder au retable du réveil ?
ce go-getter qui guette les miettes du repast d'un jour de plus au jus vermeil,
qui tient les comptes, et passe en revue, des visions, la redevance.
C'est la veillée de Noël, l'octante décennie en âge avance.
Agnès m'offre la complète compote des complots en poèmes de Benjamin.
Celle d'un surréaliste qui se nomme Péret, de Breton, l'ami de jasmin.Les deux livres gaufrés de rouge et de jaune m'ouvrent les iris d'un phatique éveil.
Je reste seul à table, free lance,
la famille est partie se fondre en la messe de minuit, il neige en abondance.
J'en dois massicoter les pages épaisses aux blancs denses,
je possède un fin couteau dentelé, sculpté dans une défense,
son ivoire entame la peau de chagrin de la pacifique transe
de mon plaisir pachyderme, au bourdon d'abeilles.
Aucune flamme de bougies ne dansent,
un énorme chat tranquille semble avoir bouffé la crèche et respire avec la panse,
je voudrais que cette veille jamais ne s'échappe, que ses heures de silence closent mes oreilles.
Pour toujours, à jamais, dans le courant de l'infini limes, à l'onde de sans-fin.
Les transports de l'âcre nuit de velours sondent le terrain et se penchent soudain.
Ils inclinent leurs crochets, au sucré venin, vers le lit de suie des lectures livides que l'on remet à demain.
Le serment d'une once de sommeil signe une promesse de repos au dos d'un parchemin vieil.
Tout se tend pour que rien de la malheureuse engeance du souvenir d'un sommeil d'enfance, ne se pense
Le lendemain, je me replongeais dans le no-man's land de l'édition Losfeld des poèmes de Péret, le Benjamin des satyres du dormir dans les pierres de satin.