Les chansons classiques traduites et expliquées à mon phasme

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Songology.
Retour sur les standards.
Panoptique des mesures et des bars.
Decryption of rebel classics.
Repertory of all tunes slick.
Exposition des sous-textes.
Recouvrement des contextes.
Sanatorium des airs tubards.
Apaisement des nostalgies.
Chansons au logis.

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Gémit l’échelle du ciel à la terre, Aux sons des roues de Solon et des Achate de l’éther.
À cet orme se traitaient tanins des énigmes,
Dans les mailles de la vie, à tous ses dais,
Les ifs donnaient guets aux hommes, à l'échelle de la Terre
Les oyats menaient les âmes, comme Fées devaient,
Voir châle de reine ajuster fourrure de vair que chat trouvait
injuste mais chaud aveu.
Ouïr le nom de Lady Achren drainer les ombres que châteaux vêtaient
À un jet de la chute que l'ange avait
Tue.
Ô, sise au foyer de la suie des épines,
Aux envers des truites qui ventres tendaient,
Burinant les lacs de leurs arêtes collées raides aux filets des frettes,
Comme hosties que mandibules suçaient,
Elle soufflait des bulles de sève
Que l'ost des arbres grecs réveillait.
Gare aux chênes drilles, soldats de la chête vraie,
Qui jetaient le chaud duvet
Du loir et ses chiliades aux poils de laine
En jouant les chattemites avoués.
Râpent, liment et mordent l’air
Si juste dans l’empreinte du ciel,
Que chaque Cad Goddeu dévêt.
Tombelaine sur la Sée,
Mappes aux murs porteurs,
Pare et demeure !
Le fleuve de houx teintait le tanin des énigmes
Mauve lige qui de son lignage défendait
La gomme d'un liber à faire gémir
Les achées et tous les vers de terre.
Ogham, de Robert Graves le bona fide alphabet,
Moire amidon lustre des châtaigneraies
À l’autel des loups assis sur le mystère de l’arbuste qui savait,
Qui savait si bien cosser
des énigmes les écorces.
Gimme Shelter - The Rolling Stones, Lait de blédine - décembre 1969. 
                                                *****
 
Il bande et donne en un seul essai,

dans un tube au verre épais
dépoli comme le chagrin, sa mâle giclée matinale de satin.
Le soleil n'est pas encore levé sur ce genre d'étrennes,

les attentes sont modestes et vénielles d'où qu'elles couvent.
Il s'étend alors sur ses lèvres pour qu'elles se gorgent d'un sang diamantin.

Ils essoufflent la baise, la noient à toutes ses douves,
et restent à la colle dans une étreinte néoprène.
Pas plus cette fois ne lui claironnera
le résultat de son spermogramme.
Il gardera pour lui tout ce que clonera
le soupir qui lui transperce l'âme.
Elle lui glisse tout de même à l'oreille qu'elle voudrait, au don de son spermelet,
féconder des oeufs nés en paix, des oeufs nés en paix.
Elle tape sur le fenestron de son test de grossesse,
son cycle rose n'est ni bleu ni barré de deux traits,
"Est-ce que tout est vaginal ? Et rien d'ovarien ?
De quoi suis-je l'hôtesse ?"
_L'âme du sexe est anonymable, médite-elle
au centre d'une conversation, de cercle caucasien,
blanche comme la craie.
Elle pourrait s'esclaffer en triant
les grains de riz gluant de son sperme en berne.
Mais elle les repeigne et préfère, hagarde,
penser, même si aucune destinée ne la suspend à ce gland friand
de luxure humaine, au plaisir pris à cette mâture terne,
lorsqu'elle soumet au jet de son spermelet,
là où le beurre naît,
le blanc de ses oeufs afin de les déneiger en paix,
déneiger en paix.
"La GPA n'est pas faite pour les chiens,
engrosseras-tu Noëlle la bonne pour les fêtes ?"
se vit-elle délirer dans un cauchemar pavlovien,
"Bien que tes flagelles n'aient plus toute leur tête,
qui peut savoir ce que tes bourses véhiculent vraiment dans leur quête,
les périodes de Noëlle sont trop inondables bombes,
si tel est le cas, je veux qu'on lui aspire le womb."
_Le nom de l'homme est un anomal, songe-t-elle.
Il y a longtemps qu'elle détend son stérilet en priant
que le café con leche des mitochondries et des gènes
donnera beau mélange d'essence et d'air au moteur de la petite graine,
"si la mère, sur le père mets,
l'espoir missionnaire d'une visite de l'ange chez moi renaît",
se dit-elle, assise au milieu de gamètes réunis comme le pain à la Cène.
Elle observe ses oeufs d'or scythe aux yeux bleus, qui dézonaient et rampaient,
rebondir comme des balles d'ovocytes criant
famine dans les jeux de l'amour du hasard qui remontaient à la Tène,
et dont les dés le jeûner rompaient.
Elle regarde le journal de son taux d'HCG pilotins,
le corps jaune fait encore des siennes
et les apprentis embryons, sur le muscle utérin,
vont et viennent comme dans un moulin à farine de Sienne
"Crois-tu que tu vas m'imprégner ? lui dit-t-elle soudain,
_Me feras-tu m'imbiber de toi sous ton aile ?
Elle prend son désir de Phébé en vrillant,
als die Realität, sous le sel du ciel
battant la cible du signe des ailes
d'un cygne blanc digne de la Léda chez elle,
et rêve d'un avenir d'enfants brillants
comme l'or de ses oeufs qu'elle voudrait nés en paix,
si dans la gelée de la chandelle le jeu les germait,
des oeufs nés en paix.


Le test épiphane est cher / Et trompe Phaloppe De Jehan. 
Eicher / Djian - Déjeuner en paix - Engelberg, 1991.
                                                                        

                                                               *****


I know when to go out
L'anneau vain dégoûte
I know when to stay in
L'anneau vain déstabilise
Get things done
guette les mots saints qui guidonnent

(dans les mirages argent du mois d'août
la devise est sans motto)

I catch the paper boy
L'oeil cache ce que le papier boit
But things don't really change
Les cygnes n'ôtent point leurs bottes lorsqu'ils se changent

(la moto n'a pas de valises
passagère fait ce que doit
advienne que s'avivent les anges
saphirs des os de son dos)

I'm standing in the wind
L'âme tient à son standing dans l'eau vive
But I never wave bye bye
Qui vide l'évier des vagues qui vont à la baille
But I try, I try
Tout l'étrille alors qu'elle délivre travail

(et lit tout haut les ex-votos)

There's no sign of life
Ne la cerne nulle sagne de Laphroaigh
It's just the power to charm
C'est juste le pauvre hère qui touche larme
I'm lyin' in the rain
Et draine de son visage la laine de l'aigue

But I never wave bye bye
Butin des lèvres, vent de braille
But I try, I try
Filet de salive que le souffle du temps passe à la traille

Never gonna fall for
Le rêveur zone hors de la faille
Modern love, walks beside me
et lorsque l'Amour modère l'assaut de l'hydre et de l'orque d'or
Modern love, walks on by
L'amour love les câbles et les boutres de sa maille
Modern love, gets me to
L'Amour vole au mat du guet où dort
The church on time
Le chercheur d'heures sur les mers intimes

Church on time, terrifies me
Chercher l'entame, le terrifie
Church on time, makes me party
Chercher l'entame, le remet dans la partie
Church on time, puts my trust
Chercher l'entame, le pousse à tracer
In God and man
Le Dieu renversé dans l'Homme
par la morsure enlacé

God and man, no confessions
L'ode émane des eaux en fusion
God and man, no religion
"Gaudere, emanare", flots de joie venus de Gion
God and man, don't believe
Les mânes des vraes Geiko ne sont pas légions
In modern love
Miyako Odori dans la danse des saisons
hissent le foc de sakura dans le calme plat du Traum

(Elles aspirent l'été
dans les maison de thé
de Kyoto)

It's not really work
La liste note le rôle baroque
It's just the power to charm
Du pauvre hère aux justes charmes

I'm still standing in the wind
Qui se tient digne dans les ouïes du vent des Indes
But I never wave bye bye
Et qui bataille, vaille que vaille, dans la bave nerveuse
But I try, I try
Des bouts de cris qui s'élancent dans la raille verbeuse
De l'amour aux mots ternes

(Qu'on échangerait pour rien au monde, même pour des armes, 
dans le commerce des peaux)

David Bowie - Modern Love - Laudes Mauves de l'Herne - Let's Dance. 2014-1983.

                                                          *****

And when I make it glow from far away
I know my target can stay with my drone
It's under stone, it's in the hands
And under the wings of my drone
And my drone does it good and gone for real ends
Woosh wo wo woosh, wo wo wo woosh
My drone does it good and gone
And when the barrel rolls turn bare
I'll still find somethin' in the air with my drone
It's under stone, under the clouds wooly flare
It's everywhere with my drone
And my drone does it good and gone
Woosh wo woosh wo, woosh wo wo wo
My drone does it good as stealth and it's gone
Oh, my drone, oh, my drone
Only my drone holds the other shoot to heal key to me
Oh, my drone, oh, my drone
Only my drone does it good to me
Wo woosh wo wo, wo woosh wo wo
My drone does it good and gone
Don't ever task me upon the path of why
Lord, I never say goodbye to my drone
It's under stone, it's everywhere with my drone
And my drone, she does it good and gone
Wo wo wo wo, wo wo wo wo
Wo wo wo wo wo wo wo woosh
My drone does it good and gone
Oh, my drone, oh, my drone
Only my drone does good health care to me
Woosh wo wo wo wo wo wo wo won.


My Drone - Paul McCartney - Wings - Red Rose Speedway. 1973-2014
                                                             *****

Un Homme-singe en hiver s'enveinait dans la nieve
Something in the way, ummmmm
Une dernière prise de risque
Underneath the bridge
Un denier siffle dans la brise

The tarp has sprung a leak
Le pile ou face manque la cible
And the animals I've trapped
Le temps animal met les Eve

Have all become my pets
À la trappe sous de viles briques

And I'm living off of grass
Sur le tard, tant que les âpres

And the drippings from the ceiling
au gain abrègent le temps du rêve

But it's okay to eat fish
Comme les moines drapés dans la glace

'Cause they don't have any feelings
Je lis les vies vaines du Steppenwolf dans la grâce
Le vendredi les Sottais mangent du catfish
dans les mines des concerts sans affiches
Un Homme saint dans la neige s'enivrait dans le livre
Cela cause des avaries dans la roche
Le Rock est une montagne au sermon resté dans la poche
Something in the way, ummmmm.



Kurt Cobain, "Something in the Way" - Nevermind, mai 1991

*****

Annie hait les librairies des supérettes, 
Les supérettes de l'écrit, elle honnit.
Elle préfère aux vegetable bibliothèques des petites Fanny d'aujourd'hui
Les Amap de lettres fraîches et les amas de mots sains
Déposés sur le seuil des imprimeries bio sans dessins.
Les supérettes jetables des récits de Cergy
D'Annie donnent à ses premiers jets 
Un goût d'âcre fumée salée de toile de Jouy.
Lorsqu'elle n'a au sujet de la langue
Que le souci du beau ton
Elle prend des amants de fiction qu'elle restaure
Au McDo dans la toundra des bruits et des sons des galeries de l'hyperstore.
Pour quelques littérateurs-Panisse, Annie
Frémit dans les allées des supérettes ennemies.
Ces cafetiers de la nouvelle et du poème ont la couleur
De ses Vieux, les auteurs de ses jours heureux,
Commerçants de bouche à oreille, petits dieux
De la chose romancée pour deux.
Dans les travées, elle pousse son caddie littéraire
Et fait ses emplettes du miel de l'ennui linéaire.
Lorsque le chant du sucre de la forge
Qui parchemine les pages d'Annie
Coule depuis son clavier sobre sans Sorge
Elle est aux Auchan-Elysées de Cergy.

"Annie Ernaux aime les suce-êtres, ces lieux de perdition qui aspirent l'âme prosaïque des petites gens animés par la faim, des chaussettes à la casquette". Chanson de 1966, Sergueï Ginzburg. Paris

*****


I'm singing in Sigmarin's Regen train
Just Sigmaringin' a tragic bell in the rain
What a glorious bastardly feelin'
I'm a Nutsy again
I'm flaking at the clouds almost gone
And so is Darquier de Pellepluie
The black sun's in my heart of stone
And I'm ready for more rain and wee
Let the Sturm's Wolken protect
Everyone from the chateau 
Kom raus and project
Vos sourires comme des couteaux
Let's walk down the pain
With a flippin' joy regained
Just singin'
Singin' in Sigmarin' s Regen rain


Arthur Freed, "Singin' in the Rain" - 1929
J'ai Chanté ta Rengaine à Sigmaringen - 2014

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Ma môme, ell' joue pas les starlettes
Ma' Maugham, her jewels pallid in starlit,
Ell' met pas des lunettes
met the glitters of the nets
De soleil
in sunlit
Ell' pos' pas pour les magazines
Hell's passport do pour rain upon the meagre Djinns
Ell' travaille en usine
that travail her engine
A Créteil
to a crit to tell

Dans une banlieue surpeuplée
Dancing like a banshee in the suburbs of Nauplia
On habite un meublé
one habit makes the beat for many a plea
Elle et moi
Hell and me
La fenêtre n'a qu'un carreau
The fens of Easter follow the cairns' arrow
Qui donne sur l'entrepôt
the quiet John Donne lent from his quiver bow.
Enters Poe
Et les toits
that tweets on the roofs like a sparrow

On va pas à Saint-Paul-de-Vence
On a vapore to Venice polls slowed our advance
On pass' tout's nos vacances
one boat passed us touting our wreck like a lance
A Saint-Ouen
I sent some wrens
Comme famille on n'a qu'une marraine
to come on in, with their fame, rescue M'a as cute aerial marines
Quelque part en Lorraine
and quench the parts she lost to the golden rain
Et c'est loin
that assailed her loins

Mais ma môme elle a vingt-cinq berges
In may M'a Maugham will win sainthood on the verge
Et j'crois bien qu'la Saint'Vierge
and crows will bend their claims to a surge,
Des églises
a desire worthy of eagles,
N'a pas plus d'amour dans les yeux
caught napping in the moors of their eyes
Et ne sourit pas mieux
and soaring faster in the mien of the skies
Quoi qu'on dise
after quacking scenes down the undies

L'été quand la vill' s'ensommeille
Let it be when vain quandaries the sun veiled
Chez nous y a du soleil
share new odious shadows the sun ailed
Qui s'attarde
kisses that retard
Je pose ma tête sur ses reins
pose a motet susurring on the reins
Je prends douc'ment sa main
of her segmented hand that leads to the mains
Et j'la garde
where she farmed out all her guards

On s'dit toutes les choses qui nous viennent
Once and for all the mooted things that we chose to unwind
C'est beau comm' du Verlaine
cease to beak the beacons that were lained
On dirait
in the dark alley
On regarde tomber le jour
regarding the tombs holy shores
Et puis on fait l'amour
praising the facts of the god Amor
En secret
in secrecy

Ma môme, ell' joue pas les starlettes
Ma' Maugham in the sun doesn't play the sherbets
Ell' met pas des lunettes
her ice doesn't melt that easily in the sunbelt's
De soleil
sole eye
Ell' pos' pas pour les magazines
Unappeased by the Rogogines
Ell' travaille en usine
that try to avail the sinners we've seen
A Créteil
crating their tails.


Jean Ferrat, "Ma Môme" - 1959.
"Ma Maugham" - 2014.

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I'm a high school lover, and you're my favorite flavor
Mon âme de couleuvre endure méfaits et fièvres dans la plèvre des fleuves
Love is all, all my soul
L'eau vaisseau de mon souffle
You're my playground love

M'ouvre la plaie aux grandes lèvres.

Yet my hands are shaking
Moites et tremblantes, elles déchiquettent
I feel my body remains, time's no matter, I'm on fire
Le fil débité de mes mains, le temps mateur aime la flore sur la faille
On the playground, love

De la plaie aux grandes lèvres
 

You're the piece of gold the flashes on my soul.
Ouvre les lapis, gaules-en les flèches d'or bleu, pour moi seule
Extra time, on the ground
Temps extra, abandonne les gants
You're my playground love
Ouvre-moi la plaie aux grandes lèvres



Hier - Sur la très grande plaie.
Air - Playground love. 2000.

*****

As I rode into Trinquetaille
near Arles
in a black Toyota from hood to trunk shining stealth and shy
drove-thru right into the ancient cemetery
where the Alycamps cry
then stopped the car in a dark alley
and hold out the key
to a parking-valet named Carl.
I saw two painters painting from a tree.
They were panting sketching the sky
that breathed lightly gauging its stars nightly,
their outlines, their folds, their layout and harl,
and that didn't bother me.
Two painters painting from a tree
in the branches panting over the bronchi
of the arlaten society.
Short loud puffs from their pipes were heard free,
inspiration from their respiratory tract was in free-fall,
it was an eye for an ear, an ear for an eye
as always it is in Arles,
that didn't bother me at all.
Two painters were painting from a tree.
No time left to go to the brothel, no use to make a creole love-call.
As I thought to go back to my car to return home
on the double and fly
I realised I was climbing up a tree and its leafy dome
and that didn't bother me.
The tree was tall,
a heavy drip of oil fell on my face hairy
and began to take its toll;
it would take minutes before I'd reach the vantage point and have a chance to dry,
that didn`t bother them two painters at all.

"Two painters", 1970, Mason Proffit.

*****

J'étais éperdument heureux dans ma cellule,
tant que j'en avais mal.
Solesme n'était pas Pigalle,
et les beaux soucis, qui dans nos vraies vies pullulent,
avaient tu leur fanal.

Je comptais par cents les silencieuses libellules
et ressentais durement l'absence des cigales,
plus de cris, aucun Yule,
à mon coeur manquait les battements des festivals.
J'avais envie de soul.

Ètait-il temps de partir pour le Sénégal ?
Une amie d'équitation m'offrait le voyage.
La joie de l'accompagner décupla mon mal,
j'en avais marre d'être devenu cet enfant sage,
et plus qu'assez d'exposer un fier Zen égal.

Je saisissais donc la perche qui m'était tendue,
et rejoignais en avion les rives du lac Rose.
Les circonstances étaient idoines et d'un beau rendu,
ses pétales oublieraient le temps de la nécrose,
le galop du soleil les emporterait nus.

Elle sur son fin étalon, moi sur ma jument,
ridions de nos sabots les champs halophiles,
et zébrions l'écume qui vibrait sur l'estran.
Les fîmes à deux se baigner en plein minuit pile,
lissant leur poil fumant afin qu'il soit luisant
sous l'angle exact et puissant de la lune sessile.

Nous dormîmes quelques heures légères dans les dunes ponces,
la nuit enduit les corps de beurre de karité,
et n'eûmes pas à souffrir de froid l'instant d'une once,
le lac Rebta est connu pour cette vérité.
Nos chevaux purent reposer du sommeil des onces,
panthères dont l'oeil fonce lorsqu'elles peuvent enfin rêver.

À notre réveil les éboueurs étaient passés,
tout comme les beachcombers, ils n'avaient rien laissé,
la plage déserte, vidée de ses crustacés,
semblait terrassée par le retour inopiné
d'un étrange Crétacé.

Son air supérieur nous fit refluer vers l'hôtel.
En chemin, mon amie et moi nous perdîmes.
Malgré le renfort des sémaphores et poubelles,
les repères se brouillèrent jusqu'au plus profond intime,
rendirent impossible de se faire ensemble la belle.

Elle quitta seule les rivages du Sénégal,
sachant en son for que je devais être vivant,
ou pas assez mort encore pour voguer vers l'aval
d'une vie au cours somme toute plutôt banal avant
qu'elle ne m'invite à galoper avec elle au grand bal
des airs, des eaux et des sables du beau Sine confluant.



                          "L'Eclatement du temps au Sénégal", 1972, Martin Circus.
                                                                               
                                                                           *****
                                                                            

Baby, 
baby Hmong, 
je ne lis plus Sade depuis que vous êtes partie précipitamment en tongues,
rejoindre les filles de New York City qui vêtent leurs pieds de Louboutin,
à semelle rouge comme teint l'est au Tonkin,
l'élégant fleuve du Yunnan né des oeuvres du dragon d'avant le barrage de Honghe,
Il se jette nu telle une prompte ficaire dans les fibres de l'onde des bras de la baie d'Hâ Lòng.
Vous aimiez tant observer, dans ses bouches, les fluides mélangés à l'ombre des rotins.
J'adorais vous cuire en dessert, dans les mêmes parages, de la crème aux oeufs de cailles,
que nous mangions, grands gourmands, tout au long de la nuit,
nous mentant au sujet du monde qui n'existait plus ou presque pas, calme, sans bruit,
à force de respirer sous l'eau avec une paille, &cetera.

Mon chou, 
mon petit chou,
appelez-moi sur ma phablette si vous n'avez plus mon téléphone.
Avec la reconnaissance vocale Dragon, je ne crains personne.
Je suis toujours votre phat-phap, de bout en bout.
Je sais bien qu'un jour vous saisira la nostalgie du pays,
que rien ne remplacera, en nature, la faune et la flore de Hài Phòng,
surtout pas le noir bitume de la City qui sulfate tout Brooklyn et le gentrifie.
Méfiez-vous d'abord, je vous en conjure, des lits à guitares,
dans lesquels de mauves Ishtar, reines des boroughs et des venelles,
voudront vous entraîner le soir jusque très tard.
Votre beau sitar de feu tant fait corps avec votre coeur en or,
que maints voleurs, sous prétexte d'en couper les feuilles avec ou sans accord,
en lacéreront avec les dents le psautier personnel.
Ils vous acculent et vous cernent, 
ma souple renoncule.
Cela me navre et me noie le Verne,
à me donner envie de scier en morte souche une pendule.

Oui, car vous êtes une jeune plante aimant la musique qui prend racine dans les esterres à ficaires, esterres à ficaires, esterres à ficaires, esterres à ficaires, esterres à ficaires, esterres à ficaires, esterres à ...

Suis-je bête, vous tenez à clipper tout l'ordre des possibles dans le doux creuset 
des atomes de votre clinamen,
et les appétits des estellaires les plus avides n'y pourront rien, ni leurs prières ni leur Amen,
ne trouveront ventres favorables, s'y perdra l'âme des plus audacieux daguets.
Prenez garde aux Raminagrobis, qu'ils soient à poil ou à plume,
souvent, ils ne savent plus où donner de la tête,
et cherchent à soumettre à l'estive maquerelle, déguisée en fête
sous des couches de sonnailles trébuchantes et lourdes comme l'enclume,
d'innocentes filles touchantes au son de la cabrette.

Certes oui, mais vous êtes forte, car vous êtes comme la ficaire des estuaires, parfaite et à l'aise dans la Baïse comme sur l'estran des esterres à ficaires, esterres à ficaires, esterres à ficaires, esterres à ficaires, esterres à ficaires, esterres à ficaires, esterres à...

                                    
                                     "Esterre à ficaires", 1973, The Rolling stones,

                                                                            *****


Marylène, ô Mamama, Ma-ry-lène, à la chanson qui chassa des terres du royaume des charts de France, au milieu du deuxième tiers des années septante, avec sa très bitchienne cantilène, les infâmes bandits anglois Rubettes à la verge pendante qui ravageaient de leurs mélodies crevées, par Flandre et Guyenne, la noble contrée. 
Martin, jeune paysan troubadour françois, puceau de Lorraine, les repoussa jusqu'au Kent, la queue basse, leurs poumons gorgés d'écume de soft rock lâchant toux par troupeaux de quintes, avec leur rapine de cheval balourd en berne. 
Il redonna la Gaule courtoise et le sens du lai aux musiciens, immortels Ambroise, des pays d'Oïl et d'Oc. Les petites fillottes françoises, des Caroline aux Isabelle par les Géraldine, tendres damoiselles que la rondeur de l'air emmaillotte, futures châtelaines comblées de mille cavatines, purent aimer à nouveau des Colin, des Arnaut et des Gauvin, les échansons bien de chez elles, dans la luzerne. 
Thanx, Martin, tous les adolescents baladins et saltimbanques de l'amour, à genoux devant l'huis subtil des églises où prient les filles du feu des soleils en calanques, vous envoient un signe, vous disent merci pour ce tour, et continuent à vous suivre en rêvant.